Le corps ne s'exprime pas avec les mots; il parle avec des gestes et transmet les vécus et légendes de chaque peuple. Les rives de la Mekerra se le prouvent depuis l'ouverture du double évènement culturel constitué par le festival panafricain et celui des danses populaires, pour une semaine sous le ciel bélabbésien. Avant-hier en matinée, sur la scène de l'auditorium de l'université Djillali-Liabès, plusieurs troupes en compétition se sont succédé avec entre autres celles d'Egypte, de Chypre, du Sénégal (lire article ci-dessous), du Zimbabwe et une troupe algérienne, la représentante de la wilaya d'Adrar. Elles ont montré, tour à tour, les facettes de leur folklore, sous l'œil des membres du jury qui auront la très lourde tâche de départager les participants sur un plateau difficile, celui de la diversité des genres produits de l'humanité. A la maison de culture Kateb Yacine, toujours en matinée, et avec l'éternel peu d'engouement de la population qui semble un peu perdu par ce surdosage de participation, l'atelier de danse présenté par le Burkina Faso et Adrar a donné à l'assistance de véritables cours sur l'identité, ce qu'est une couleur, la porté des gestuelles typiques, la diversité des rites incrusté depuis des siècles et s'expriment sous différentes formes à travers des costumes, des masques, des mousquetons, des chants, des salves ou encore des contes du terroir. Remarque habituel d'un spectateur: «Il aurait été judicieux de confectionner des prospectus du pays participants. Cela aurait permis au visiteur, durant ces jours de fête, de se situer dans ce labyrinthe haut en couleurs.» Le soir, c'est la place du 1er Novembre qui a eu à vibrer sous les pas de danse du Alaoui et N'hari de Sidi Bel-Abbès caractérisés par le jeu d'épaule, le son du gallal et le bendir, la gasba et le kalouz. Une troupe du Burkina Faso devait prendre ensuite le relai avant de céder l'espace à une autre de Ouargla pour offrir un show nocturne chaleureux et populaire. En cette nuit, On a dansé à Sidi Bel-Abbès, on a tapé des mains pour jubiler, «extraire sa misère», chanter son feeling au rythme de l'Afrique. Tard, on a continué la fête. Cette fois au théâtre de verdure en compagnie des danseurs du Burundi, du Portugal, de Palestine, de l'Afrique du Sud, de la Zambie, de la Libye, toujours et toujours multipliant la frénésie des gestes et cette joie de se hisser plus haut que terre que ressent celui qui danse.