Le professeur Chérif Aouad, critique cinématographique égyptien et réalisateur télévisuel du programme Cinéma Scoop, par ailleurs réalisateur et responsable d'une rubrique consacrée au cinéma appelé "Egypt Today", qui participait au festival international du film arabe d'Oran, a accepté cordialement de nous accorder un entretien dans lequel il aborde les questions liées au quatrième art dans le monde arabe, non sans dire un mot sur la ville accueillant l'événement. «C'est ma première visite en Algérie. Je découvre donc Oran pour la première fois. Et je trouve qu'elle ressemble beaucoup à Alexandrie, au plan architectural mais aussi en ce qui concerne les mœurs de ses habitants. J'adore la bonne humeur de ses habitants!» dit-il. Le critique égyptien saluera au passage «la bonne organisation et surtout le choix des films». «Ce qui m'a vraiment plu et ému, dit-il, c'est surtout la présence en masse de cinéphiles, même lors des projections privées, façon de dire que les festivals ne sont pas seulement pour les critiques et cinéastes.» Invité aussi à donner son avis de critique sur l'apport des festivals à la collaboration cinématographique arabo-arabe, le professeur Chérif Aouad dira: «Les festivals sont très importants pour imprégner les bases de l'échange entre les gens, surtout ceux qui appartiennent au milieu artistique. On peut se permettre ainsi d'instaurer un échange et lancer pourquoi pas des productions auxquelles participeraient différents pays.» «En comparaison avec d'autres festivals, où situez-vous celui d'Oran?» interrogeons-nous. «Il s'agit, comme l'indique son intitulé d'un festival arabe, mais il a tout pour s'ouvrir à d'autres cinémas. L'essentiel est que cela travaille en premier lieu le cinéma et pas le politique». Et quelle idée a-t-on de cinéma algérien en Egypte? «Ce n'est qu'à travers ces festivals qu'on peut voir ce qu'il en est du cinéma arabe, en général, et algérien en particulier. Les seuls films disponibles en quantité en Egypte, c'est le film américain. Et cette situation est très désolante, ne nous permettant pas de faire connaissance avec la production des pays qui nous sont pourtant plus proches. C'est comme s'il y avait une coupure entre le Maghreb et le Moyen-Orient.» Le critique revient aussi sur l'invasion du petit écran arabe par les feuilletons dramatiques turcs et mexicains. «C'est vrai, ils ont beaucoup de succès. Cela s'explique par leurs scénarios construits autour de drame sentimentaux et romantique. Cela ne peut que conquérir le cœur de milliers de téléspectateurs arabes», dit-il. La défaillance serait-elle chez le téléspectateur arabe? «Non! C'est une question de goût et de choix!»