Les côtes italiennes seront de plus en plus inaccessibles pour les harraga algériens. Port d'attache pour de nombreux jeunes candidats à l'immigration clandestine, depuis des années, les autorités de ce pays voisin visent de brandir une redoutable arme législative. La péninsule, devenue ces dernières années la destination privilégiée des harraga en partance de Annaba, de Beni Saf et d'ailleurs, a opté pour la méthode dure pour stopper net le flux impressionnant d'immigrants. Pour ce faire, une loi italienne durcissant la lutte contre la criminalité et l'immigration clandestine, est entrée en vigueur depuis hier avec la publication de ses décrets d'application dans le journal officiel. Cette loi extrêmement sévère replace l'Italie dans la catégorie des pays européens les plus hermétiques pour les immigrés clandestins. Ainsi, si un harrag algérien est intercepté sur les côtes italiennes, il écopera d'une amende de 5.000 à 10.000 euros, soit l'équivalent d'à peu près 500.000 à 1000.000 de dinars. Les autorités italiennes comptent ainsi frapper fort pour dissuader les irréductibles qui seraient tentés de se jeter à la mère. La promulgation de ces décrets d'application intervient un mois après l'adoption de la loi par le Parlement italien au début du mois de juillet dernier. Celle-ci qui érige les entrées et les séjours illégaux sur le territoire italien, en délit passibles de fortes amendes. Cette loi révise également le séjour des immigrés clandestins dans les centres d'identification et d'expulsion. Désormais, les harraga arrêtés pourraient y être retenus jusqu'à six mois contre deux mois auparavant. Le nouveau dispositif italien ne cible pas uniquement les «poches» des harraga mais également les citoyens italiens qui les aideraient d'une manière ou d'une autre à y être hébergé ou recrutés. En effet, les personnes qui louent un logement aux clandestins ou les hébergeant risquent jusqu'à trois ans de prison. Et ce n'est pas fini! Les autorités italiennes prévoient en vertu de cette loi de tenir une sorte de fichier national des sans-abris, «registre des sans-abri», pour débusquer les immigrés clandestins. Tous les sans-abris de la péninsule seront ainsi fichés par le ministère de l'Intérieur. De même que le nouveau texte législatif introduit des «rondes de citoyens» pour assurer la sécurité dans certains quartiers de grandes villes. Ces rondes, qui existent déjà dans de nombreuses villes italiennes où les maires les avaient autorisées, seront désormais réglementées au niveau national. La loi prévoit également un nouveau délit, passible d'une peine de trois ans de prison, d'«outrage» aux membres des forces de l'ordre. Elle renforce aussi les mesures d'isolement des patrons de la mafia, prévoyant des prisons spéciales pour eux. Il est évident que ces mesures ne sont pas de nature à faciliter les choses à nos jeunes harraga pour qui les côtes italiennes sont les plus prisées. C'est en effet un autre tour de vis et une autre destination interdite pour des milliers de candidats algériens à l'immigration. Il n'est un secret pour personne que le centre d'accueil des immigrés clandestin de la petite île de Lampedusa regorgeant d'algériens. La législation italienne réputée plus souple en matière d'immigration mais surtout les compagnes cycliques de régularisation des sans papiers ont poussé de nombreux jeunes algériens à jeter leur dévolu sur l'Italie, qui plus est, plus accessible par la mer. Mais avec ces nouvelles mesures les harraga en herbe devraient réfléchir plusieurs fois avant de larguer les amarres. Elles s'ajoutent au mesures presque similaires prises en Algérie depuis une année et qui redent passible de prison et le harrag et le passeur. Plusieurs procès ont été intentés contre des jeunes accusés d'avoir de vouloir quitter le territoire national «illégalement». Cela n'a pas pour autant freiné le phénomène puisque au moins une cinquantaine de jeunes ont été interceptés en fin de semaine en mer. Il y a eu même un accident bizarre entre une barque de harragas et une vedette des gardes-côtes.