On regrettera presque le temps où nos harraga osaient, seuls, la traversée de la Méditerranée, car désormais, c'est en masse, à la « boat people », que nos jeunes compatriotes s'exfiltrent de leur pays. Le communiqué du commandement des forces navales rendu public dimanche, confirme cette « nouvelle » tendance, une réalité de « désespérés » qu'une fois encore, interpelle les dirigeants. La marine nationale a réalisé dimanche une opération de sauvetage au large de Annaba. Une opération pour le moins inhabituelle. Vingt Algériens, dont une jeune fille de 19 ans (fait rarissime), ont été sauvés dimanche par les garde-côtes. Le premier groupe, 6 personnes dont fait partie la jeune fille, a été intercepté à 20 miles au nord de Ras El Hamra (Annaba). Les harraga étaient à bord d'un bateau de plaisance et se dirigeaient vers les côtes italiennes. L'« évasion » a échoué pour des raisons strictement « mécaniques » : le moteur du bateau était tombé en panne, en pleine mer. L'autre groupe, composé de sept personnes, a été repéré, selon le communiqué, par un cargo battant pavillon marocain lors de son passage à 37 miles marins au nord de Annaba. Les sept personnes se trouvaient également à bord d'un bateau de plaisance, aussi sensible à la panne de moteur que celui du premier groupe. Les passagers « clandestins » ont été récupérés par les unités des garde-côtes qui patrouillaient dans la zone. Le communiqué précise par ailleurs que le sauvetage a été rendu possible grâce à l'alerte donnée par un thonier japonais, présent dans les eaux territoriales algériennes. Dans la soirée de dimanche, un second groupe, constitué d'une vingtaine de personnes, se trouvant à bord de quatre embarcations de plaisance, a été également secouru, a rapporté hier l'agence APS. Les garde-côtes avaient lancé une opération de recherche sur la foi d'informations communiquées par le premier groupe de clandestins. Les unités de recherche des garde-côtes, aidées par le centre régional des opérations de recherche et de sauvetage de Jijel, ont orienté leur opération vers l'endroit où se trouvaient ces personnes, à quelque 35 miles au nord de Ras El Hamra. Ce groupe de personnes avait pris la mer, selon le commandement des forces navales, le 21 avril au soir à partir de la plage de Sidi Salem. En raison des mauvaises conditions climatiques et d'une panne de moteur, le groupe s'est scindé en deux après avoir perdu deux de ses membres, « noyés », précise-t-on. Interceptés, secourus et ramenés au port d'attache à Annaba, soumis par la suite à une visite médicale, les harraga ont été présentés hier au parquet. Durant toute l'après-midi, les forces de police avaient eu du mal, témoigne le correspondant d'El Watan à Annaba, à contenir la grande foule de parents et des proches venus s'enquérir de l'état des « harraga ». La plage de Sidi Salem (El Bouni), qui fait pourtant l'objet d'une surveillance particulière de la part des services de sécurité, les plages de Aïn Achir et Rafès Zahouane (Annaba), de cap Rosa (El Kala) ont été le théâtre ces derniers mois de nombreuses tentatives d'embarquement vers les côtes italiennes. Le 10 mars dernier, 8 Egyptiens qui tentaient de prendre la mer avaient été arrêtés au port de Annaba. En guise de réponse aux flux de plus en plus important d'immigrants clandestins, l'Union européenne a approuvé, le 20 avril, la création d'une force d'intervention rapide composée de 450 gardes frontières, sous l'égide de la Frontex. D'après les autorités espagnoles, quelque 6000 candidats à l'immigration vers les Canaries ont péri durant leur périple en 2006.