Dans le but de recouvrer ses créances estimées à plus de 30 milliards, l'OPGI de Saïda a confié le dossier des mauvais payeurs à un huissier de justice. De nombreux citoyens dans différents quartiers de la ville des eaux et d'autres communes ont reçu ainsi des mises en demeure, les sommant de s'acquitter de leurs dettes et éviter d'éventuelles poursuites judiciaires. Selon la directrice par intérim, Mme Aoued, «ces citoyens sont tenus à respecter leurs contrats de location et honorer leurs dettes afin de permettre à l'office de bien poursuivre sa mission dans la gestion immobilière qui est l'un des piliers du développement local». Et d'ajouter que «le montant total des créances a atteint les 30 milliards de centimes, chiffre qui permet à l'OPGI de lancer d'autres projets de construction dans les 16 communes de la wilaya ainsi que la création de nombreux postes d'emploi au sein des entreprise de construction». «L'office, dira-t-elle encore, est prêt à établir des échéanciers pour ne pas étrangler les chefs de famille qui doivent toutefois s'engager à les respecter.» Devant l'étude de l'huissier de justice, une foule s'agglutine ainsi chaque jour, des citoyens venant des quatre coins de la ville. A.A., père de quatre enfants et employé au filet social, dira: «Que puis-je faire avec une mensualité de 3.000 dinars? Je n'arrive plus à joindre les deux bouts, surtout que cela coïncide avec le ramadhan qui pointe dans moins de quinze jours.» D.A., père de six enfants, et au chômage, dira: «L'OPGI a raison de demander ses droits. Mais nous, pouvons-nous aussi demander à l'Etat un seul droit, l'emploi pour permettre à nos familles de survivre dignement. Maintenant, laissez-moi aller rassembler les pièces nécessaires à mon dossier pour le couffin de Ramadhan." Pour O.K., père de trois enfants, fonctionnaire, «la cherté de la vie en Algérie ne permet pas aux simples fonctionnaires de vivre correctement.» «Avec 30.000 dinars par mois, je me retrouve toujours obligé de tendre la main à mes parents. Qu'en est-il des autres?» interroge-t-il. Ces cas sont très nombreux à Saïda, comme ailleurs certainement. Et d'aucuns parmi les chefs de famille rencontrés souhaitent voir le président de la République intervenir, «pourquoi pas en effaçant leurs dettes ou, du moins, d'ordonner aux ministres, en particulier ceux de l'emploi, des collectivités locales et celui de la Solidarité nationale à leur trouver une solution», fait-on remarquer. Ils ajoutent: «Nous autres, pauvres malheureux, sommes menacés d'expulsion à tout moment. Nul n'ignore pourtant que la majorité des bénéficiaires de logements sociaux sont des chômeurs ou des citoyens très mal payés.»