Les jeunes gens, ayant été interpellés après les événements de jeudi dernier au cours desquels a été incendié le siège de la mairie de Tirmitine dans la daïra de Draâ Ben Khedda, ont été présentés par-devant le magistrat instructeur qui a ordonné leur mise sous mandat de dépôt. Ils sont en tout dix-sept, la plupart des jeunes, à être interpellés et présentés au parquet de Tizi-Ouzou. Ces jeunes sont poursuivis aussi pour avoir affronté ce jeudi après-midi les forces antiémeutes. Devant le tribunal, des gens venus des villages de Béni-Arif et de Zerrouda de la commune de Tirmitine, en fait les treize villages ayant organisé cette protesta, étaient devant le tribunal à attendre le verdict. «L'administration est responsable de cette colère car cela fait un bail que les gens ont saisi un peu toutes les autorités afin de leur proposer un autre endroit pour ce lycée, mais l'administration s'est entêtée à le vouloir au chef-lieu de la commune, ce qui pénalise les enfants des villages!» dira l'un d'eux. Pour un autre, «le terrain proposé par les villageois, au niveau de Tiplakine, est un bon endroit. Cela aiderait même à la création d'un autre lieu de vie!» A Tirmitine, c'est bien sûr un autre son de cloche. Devant le siège de la mairie en ruines, les gens se désolent. «Allez savoir si tous les documents de l'état-civil ont été détruits. Si c'est le cas, ce sera surtout l'enfer pour les citoyens!» fait-on remarquer. Et de citer le cas des sièges des APC détruits, lors des événements dits du printemps noir. Certains citoyens diront à ce propos: «Dans les communes de Béni-Arif et de Tirmitine, dont les sièges ont été saccagés durant ces derniers événements, les citoyens ont du mal à se faire délivrer des papiers! Aujourd'hui, ils errent entre le tribunal et le siège de l'APC pour le moindre extrait d'acte de naissance. Ce n'est pas le meilleur moyen pour se faire entendre des autorités!» Le président de l'APC n'arrive toujours pas à réaliser ce qui est arrivé. «Je ne comprends pas! Quel effet cela fait maintenant aux citoyens de voir un tel carnage? Ce n'est pas possible!» dira-t-il, consterné. Dda Moh, un septuagénaire encore sous le choc dira quant à lui: «L'état devra sévir et fort! On n'a pas idée de brûler une mairie et à quoi cela avance les gens maintenant? Il est temps de remettre de l'ordre dans cette région.» Il est vrai que, d'après certains, lors de notre déplacement sur les lieux, les gens de Béni-Arif et de Tirmitine se supportent difficilement et de vieilles inimitiés existent encore et couvent toujours en fait les histoires de clochers de villages. Cependant, la plupart des gens, tant de Tirmitine, le chef-lieu de la commune, tout comme d'ailleurs ceux des villages protestataires, disent que le saccage de la mairie est une grosse erreur. Mais si les gens de Béni-Arif plaident les circonstances atténuantes en disant que ce sont des jeunes gens dont le sang n'avait fait qu'un tour, ceux du chef-lieu de la commune plaident surtout pour une sévère punition en affirmant haut et fort que «force doit rester à la loi".