Après avoir donné sept représentations dans le cadre d'une tournée nationale, la générale ayant été programmée le 3 septembre 2009 au Théâtre Régional de Sidi Bel-Abbès, la Compagnie Atelier du Théâtre et des Arts a présenté, mardi en soirée, à la salle de spectacles El-Feth, sa dernière production théâtrale, «Yamina», un spectacle inscrit au programme d'animation culturelle, pour le mois de ramadhan, de la maison de la culture Zeddour Brahim. Adaptée par Djamel Merir et Samir Raïs, d'après la pièce «Kitab Ennissa» du Tunisien Azzedine Madani, la pièce «Yamina», mise en scène par Mohamed Adar, relate le quotidien d'une famille algérienne écartelée à travers le conflit des deux personnages, Yamina et Chadliya, de deux générations différentes qui incarnent deux visions du monde diamétralement opposées. Yamina, interprétée par Wahiba Adlane, la jeune épouse de Amar, universitaire, campé par Mohamed Adar, et dont on n'entendra que les éclats de voix et les injures par intermittence en off, veut vivre avec son temps et aspire à la liberté et à une vie conjugale sereine pleine de bonheur et fondée sur l'amour et le respect de l'autre. Ses espoirs seront compromis par les comportements à son égard de son époux. Elle va s'insurger contre la monotonie d'une vie conjugale faite de continuelles brimades qu'elle considère comme une atteinte à sa dignité d'épouse et préjudiciables à son épanouissement. Chadlya, remarquablement incarnée par Malika Youssef, belle-mère acariâtre, se veut, elle, gardienne des traditions et voit dans le mariage une soumission quasi idolâtre à l'époux. Elle défendra tous les arguments pour déculpabiliser systématiquement les écarts de son fils et contester sa bru et fustiger son attitude rebelle dans laquelle elle voit une remise en cause de toutes les valeurs morales. Tout est prétexte pour alimenter la brouille entre les deux femmes: les habitudes culinaires, les effets vestimentaires, la démarche. La pièce sera un long et fougueux combat de gueule entre les deux femmes où Mohamed Adar a su trouver quelques expédients pour instiller par endroits une dose d'humour. La chaude dispute trouvera son terme lorsque la bru saura trouver les mots pour faire naître chez sa belle-mère une fibre sensible qui fera voler en éclats ses dogmes et les deux femmes, soudain réunies, iront, dans un même mouvement, arracher tous les rideaux qui matérialisaient cet espace de discorde sous les cris de «barakat, barakat». On n'oubliera pas de signaler l'agréable musique composée par Abdelkader Cherigui qui a apporté une touche de fraîcheur à la pièce.