Un rapport confidentiel sur l'état des lieux du mouvement djihadiste en Algérie, depuis l'insurrection armée du FIS dissous, vient d'être remis aux autorités, avons-nous appris de bonnes sources. Elaboré par les services du ministère des Affaires religieuses et des Waqfs, ce rapport non publiable a conclu au «déclin» du courant djihadiste en Algérie qui a perdu de sa couverture religieuse. Ce rapport commandé par la Présidence, d'après certaines sources, a expliqué le repli de l'idéologie djihadiste par notamment les appels à la réconciliation nationale lancés par les autorités via la loi éponyme qui a fait mouche au sein des mouvements armés islamistes mais aussi «grâce à l'apport des fatwas des oulémas». Ce rapport inédit du département de Ghlamallah met également l'accent sur la résurgence du mouvement soufi qui a considérablement gêné la pensée djihadiste. Et comme il fallait s'y attendre, le rapport de Ghlamallah tire une fière chandelle au président Bouteflika dont il loue la «pertinence» de la loi sur la réconciliation nationale. Il y est noté que ce «projet politique a convaincu les terroristes de la nécessité de déposer les armes et le retour à la société». Le rapport insiste également sur les «correctifs» apportés par les chefs de file des djihadistes eux-mêmes qui ont eu un «impact sur les éléments armés en Algérie». Il souligne en outre le «faible niveau intellectuel des djihadistes algériens qui se sont basés sur des fatwas importées de l'étranger pour instaurer la Dawla islamia». Le ministère précise en revanche que le rite malékite en vigueur en Algérie a «péché par un manque d'encadrement et d'arguments scientifiques». Le rapport conclut par ailleurs sur l'apport «précieux» du mouvement soufi et des «zaouïas» qui ont bénéficié de «tous les moyens pour leur redéploiement dans toute l'Algérie». Cela étant dit, si le ministère du Culte se félicite du déclin «remarquable» du djihadisme qui a tant endeuillé le pays, il souligne cependant que le mouvement salafiste d'obédience «scientifique» est en train de connaître ses heures de «gloire». Dans ce même ordre d'idées, une source proche du ministère des Affaires religieuses estime qu'environ 80% des mosquées algériennes sont déjà tombées dans les rets des salafistes. Bien que ce courant ne prône pas la guerre sainte comme les djihadistes, il n'en constitue pas moins une menace pour l'islam tel qu'il est pratiqué en Algérie. Importé tout droit de l'Arabie saoudite, ce courant très rigoriste prêche un des commandements religieux qui ne cadrent pas avec l'islam connu pour être une religion du «juste milieu». Aussi bien par l'accoutrement qu'ils recommandent que par les fatwas très discutables, les salafistes risquent de dérouter les croyances et la foi des Algériens. Pour en revenir au rapport du ministère des Affaires religieuses, il y est mentionné que les éléments armés en Algérie ne subsistent que «dans les montagnes de Kabylie où le GSPC a établi son émirat». Le rapport rappelle que les terroristes avaient installé, il y a quelques années, des «émirats» dans les quatre coins du pays. En outre, nous apprenons que le département des Affaires religieuses s'apprête à lancer une «étude» sur l'extrémisme religieux dans les quartiers pauvres d'Alger. Cette étude démarre du postulat qu'il existe une relation de cause à effet entre la pauvreté et l'extrémisme, notamment dans ce qui est désigné par les «oueds d'Alger». Il est question des quartiers périphériques d'oued El-Harrach, oued Ouchaieh et oued Reghaïa.