Avec la fin inéluctable du recours à la légitimité historique, il va normalement se poser la question de la nature de la forme nouvelle de légitimation de l'accès au pouvoir. Une désignation tout-à-fait libre par le champ politique? Une désignation par l'armée? Capacité d'un parti à porter son candidat et à le faire gagner par les urnes dans un environnement qui sera propice à la réelle expression du choix populaire? Existe-t-il encore un tel parti qui ne soit pas accusé, comme d'habitude, d'agir comme vitrine des décideurs? Capacité d'une coalition de partis à porter leur candidat au pouvoir sans les aides de l'administration et/ou de l'armée? Remplacement de la légitimité historique par la légitimité financière? L'accès au pouvoir, pour le moment, ne passe pas par l'initiative d'un parti politique, quel qu'il soit, et il ne semble pas que pourrait émerger un parti agissant en leadership, ni même une coalition de partis, dans le contexte actuel. Depuis quand un véritable secrétaire général d'un parti a-t-il été porté à la magistrature suprême? Même au temps du parti unique, celui qui est choisi pour acquérir sa légitimité de président n'est pas le secrétaire général du FLN. D'ailleurs, il n'existait pas de secrétaire général du parti unique. Le poste est créé pour celui qui a été choisi par les décideurs pour devenir président et lui conférer une qualification civile et une couverture politique. Avec feu Boudiaf, a commencé la rupture en la matière. Il n'est plus obligatoire que le président passe par la fonction de secrétaire général d'un parti. La situation de crise a engendré une nouvelle tradition. Avec Zeroual, le passage même par les urnes dispense de la nomination au poste de secrétaire général d'un parti. Bouteflika, par trois fois, se présente en candidat trans-partisan et refuse d'être le candidat d'un parti politique, costume trop étroit quel que soit ce parti. Même la présidence dite d'honneur du FLN n'a pas suffi pour que la présidence endosse ce costume et se présente aux couleurs de ce parti. Accéder au pouvoir sous les couleurs du FLN aurait placé le président dans l'obligation de FLNiser le pouvoir et donc de se priver du soutien des autres partis et de la possibilité de ratisser large non pas seulement dans les partis, mais dans les idéologies, pour prouver que celles-ci peuvent coexister au sein d'un même exécutif. Quelle sera la nouvelle forme d'accès au pouvoir? La piste de réflexion est déjà ouverte quelque part… Par Rochdi Ould yahia