Le cadre paisible et verdoyant de la promenade Ibn Badis (ex-Létang) était, hier matin, encore une fois, le théâtre d'une rencontre culturelle et très conviviale avec Mme Wassyla Tamzali, avocate, écrivaine et militante pour la promotion des conditions des femmes en Méditerranée, de passage à Oran à l'invitation du Centre culturel français de Tlemcen. L'auteur de «Une éducation algérienne» devait animer au pied levé une conversation en lieu et place de sa compagne sur la réalisatrice et écrivaine chilienne Carmen Castillo, absente à cette rencontre pour des motifs de visa. Ce rendez-vous, qui a regroupé élus de l'APC d'Oran, membres d'associations locales et représentants de la presse, entre dans le cadre des rencontres organisées, tous les samedis matin, à l'initiative de l'Institut Cervantès d'Oran avec le concours de l'APC d'Oran et des représentants de la société civile, dans un élan qui vise la réappropriation d'un espace longtemps déserté par la population oranaise abandonné aux marginaux. «Faire de ce remarquable lieu un espace de détente ouvert à la population et d'expression pour tous les artistes.» Tel est le principal but que se proposent les initiateurs de ces rencontres hebdomadaires. Dans son allocution de bienvenue aux invités, Javier Galban, directeur de l'Institut Cervantès, dont la mission est la diffusion de la culture en espagnol, devait rappeler que l'invitation de la réalisatrice chilienne intervenait dans un contexte particulier marqué par la célébration, le 12 octobre, de la fête nationale espagnole et de l'hispanité ainsi que du bicentenaire du processus de libération en Amérique latine. L'événement donnera lieu à la programmation d'un cycle de films d'Amérique latine qui sera inauguré par la projection du film «Calle Santa Fe», réalisé par la Chilienne Carmen Castillo. Dans une brève intervention, Kamel Bereksi, président de l'association SDH et membre de l'APC, soulignera le rôle moteur de l'Institut Cervantès dans la réouverture au public de la promenade Ibn Badis, qui pourrait servir de lieu de rayonnement culturel en invitant divers artistes, en exhortant la société civile à prendre le relais pour réhabiliter cet espace et en initiant toutes sortes d'activités culturelles. Mme Wassyla Tamzali dira: «Rien que pour sa beauté, le lieu est apte à réconcilier la population oranaise avec sa ville, la nature et la culture.» Elle saisira l'occasion pour présenter la réalisatrice Carmen Castillo. Cette activiste, ancienne compagne du leader du mouvement chilien d'extrême gauche, arrêté puis assassiné par la dictature de Pinochet, a pu fuir son pays grâce à une campagne de solidarité internationale. Installée à Cuba, puis Paris et Londres, elle s'attellera à faire des films engagés, fustigeant la dictature chilienne de l'époque. Son film, «Calle Santa Fe», relate un nouvel enchantement pour son pays où elle a tenté de faire de la rue où elle est née et qui a vu tant d'exactions, un lieu de mémoire.