Comment aider les Palestiniens? Grâce à une normalisation des relations de tous les pays arabes avec Israël? En ne normalisant pas tous leurs relations avec cet Etat? De toute façon, le contexte a changé dans le sens où une guerre israélo-arabe est du domaine de l'impossible alors que c'est le rapprochement avec Israël, sans que la paix israélo-palestinienne réelle ne soit au rendez-vous, qui est du domaine du possible. Les pays arabes sont-ils plus proches de la paix que de la guerre avec Israël? Toute tenue d'une réunion au sommet des pays arabes incite à des questions. Ce sont d'ailleurs les mêmes questionnements qui fusent au point où nous avons constaté qu'il s'agit pratiquement des mêmes situations qui se renouvellent. Et pourtant, nous sommes théoriquement sortis de la zone des incertitudes. Et théoriquement, nous devons fonder la cohésion comme élément d'un consensus. Pourrions-nous soutenir que le monde arabe est une entité et pas seulement un espace géographique composé de pays à la même langue? Ceux qui le soutiennent en tirent des dividendes « politiciens » qui leur permettent de se réunir avec ceux qui pensent qu'investir dans les relations arabes n'est pas un investissement risqué. Pouvons-nous soutenir que les droits de l'homme dont la discussion était hébergée dans un hôtel à Alger sont approchés de la même façon dans le monde arabe alors que dans certains pays des femmes ne sont même pas autorisées à conduire une voiture quand, dans d'autres pays arabes, des femmes pilotent des avions ? Ce que, nous, nous appelons encore le monde arabe en faisant semblant de croire qu'il est élevé au rang d'une entité, l'union n'étant devenue qu'un objectif qui sert de rente politique ou politicienne, du moins pour une partie de la classe politique, ne présente aucune cohérence sur le plan des politiques intérieures, à part que se côtoient des monarchies de différentes catégories juridiques. Pas de cohérence non plus sur le plan de la politique extérieure, en témoigne que la ligue arabe, en mars 2003, s'était réunie pour condamner la guerre contre l'Irak, d'autant que celle-ci n'avait pas reçu la caution Onusienne, alors qu'en réalité cette guerre avait reçu la caution régionale arabe par les pays qui avaient accepté que leurs territoires servent de lieu de stationnement et de base de départ des troupes américano-britanniques et des avions devant servir à bombarder l'Irak. Pas de cohérence non plus sur le plan de la sécurité, les menaces étant diversement appréciées. Pas de cohérence non plus sur le plan de la défense, les pays rivalisant dans la course à se faire choisir par les américains comme pivots dans l'architecture de défense dessinée par les Etats-Unis dans la région. Il est alors compréhensible qu'il n'y ait pas d'entrée du monde arabe dans la sphère diplomatique militaire internationale et que la demande ne se soit pas exprimée dans ce sens. Les pays arabes regardent s'élargir l'Otan sans, eux-mêmes, exprimer de telles ambitions, comme si ce qui est naturel pour le monde extérieur ne l'est pas pour le monde arabe. Qu'est-ce qui inhibe tant les initiatives et paralyse même les ambitions politiques arabes si ce n'est que les régimes en place ne doivent pas à leurs peuples leur accès au pouvoir et que nombre d'entre eux pensent garantir leur propre sécurité en se soumettant aux Américains ? Depuis qu'ils ont perdu leur ennemi commun, à savoir Israël, qui justifiait qu'ils n'entrent point en démocratie, ils ont trouvé en l'islamisme ou plutôt en le terrorisme l'élément qui valide ou justifie leur refus d'entrer en démocratie. Par Rochdi Ould Yahia