Après une entrevue, le moins que l'on puisse dire infructueuse avec le Premier ministre israélien, Ehoud Olmert, le président palestinien, Mahmoud Abbas, a entamé, lundi, une tournée européenne au cours de laquelle il visitera, entre autres, la France, l'Italie, la Suède et la Pologne. Abbas tentera de persuader les dirigeants de ces pays de mettre fin à l'embargo qui étouffe les Palestiniens, depuis plus d'une année. De nombreux Palestiniens se posent des questions sur l'intérêt des réunions au sommet, comme celle de dimanche dernier, à Jérusalem-ouest, entre leur président Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien Ehoud Olmert. Cette réunion est la première d'une série d'entrevues bimensuelles, à la demande de la direction américaine. De telles réunions semblent inefficaces à faire progresser le processus de paix israélo-palestinien mais peuvent, par contre, aider à la sauvegarde des intérêts américains dans la région, à un moment où la première puissance mondiale cumule les échecs dans sa guerre contre l'Irak. Parler vaguement d'un horizon politique avec un Premier ministre de la faiblesse d'Ehoud Olmert, qui ne jouit d'aucune popularité au sein de la population israélienne, ne peut satisfaire les Palestiniens dévorés par la pauvreté, et dont plus de 10% des enfants souffrent actuellement de malnutrition, suite à l'embargo israélo-occidental qui leur est imposé depuis plus d'une année. « Ce fut une rencontre positive, s'inscrivant dans le dialogue en cours qui aide à bâtir la confiance entre les dirigeants israéliens et palestiniens », s'est bornée à dire Miri Eisin, porte-parole d'Olmert, en annonçant la prochaine réunion dans quinze jours, « très vraisemblablement » à Ariha, en Cisjordanie occupée. « Cette réunion n'est qu'un début. Je ne crois pas qu'on pouvait résoudre tous les problèmes, ni même ouvrir un horizon politique, en une seule réunion », a déclaré, pour sa part, Saëb Erekat, proche collaborateur d'Abbas. Nullement intéressé par un règlement juste de la question palestinienne, Israël, représenté par son Premier ministre, cherche une normalisation des relations avec les pays arabes qui ont relancé leur initiative de paix, lors du dernier sommet de Riyad, en Arabie Saoudite. Les pays arabes proposent à Israël une paix totale en échange de son retrait de tous les territoires occupés en 1967 et de la création d'un Etat palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale. Olmert a affirmé que l'Etat hébreu était prêt à s'entretenir avec l'Arabie Saoudite de son initiative de paix pour le Proche-Orient, appelant les Saoudiens à prendre la tête de la lutte contre l'extrémisme dans le monde arabe. Le président égyptien, Hosni Moubarak, dont le pays est lié à Israël par un traité de paix, et connu pour être l'un des dirigeants arabes les plus modérés, a refusé toute normalisation des relations avant un règlement final de la question palestinienne. Avec le président Abbas, Olmert n'a discuté d'aucun des points qui intéressent réellement les Palestiniens : la création de l'Etat palestinien sur les territoires occupés en 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale, le retour des réfugiés dans leurs terres qu'ils ont été forcés de quitter lors de la guerre de 1948. D'un autre côté, oubliant que plus de 10 000 Palestiniens, et nombreux parmi eux croupissent depuis des dizaines d'années dans les geôles de l'Etat hébreu, il a exigé du président palestinien la libération du caporal Gilad Shalit, capturé le mois de juin dernier par des hommes de la résistance. Sur le plan interne, les territoires palestiniens, en particulier la bande de Ghaza, demeurent un lieu où la sécurité semble perdue à jamais et ce, malgré les accords signés le mois de février à La Mecque, en Arabie Saoudite, entre les deux principaux mouvements, le Fatah et le Hamas, et qui ont permis la formation d'un gouvernement d'union nationale. Des incidents sont signalés fréquemment ici et là. Le nouveau gouvernement, qui a approuvé récemment un plan sécuritaire susceptible de mettre un terme au chaos sécuritaire, n'a montré, à ce moment, aucun signe dans ce sens. C'est pire que le simple statu quo.