Union pour la Méditerranée, groupe des « 4+5 », sous-ensemble régional arabe, sous-ensemble régional africain, autant d'espaces élargis qui n'ont pas permis aux pays maghrébins de faire un bout de chemin ensemble ou à tout le moins de tenter de le faire. Au moins sur le plan économique, en attendant qu'un jour, soit trouvée une solution à la question sahraouie. Si le préalable à ce rapprochement économique demeure la résolution de cette question, il est évident que rien ne se fera en matière de développement maghrébin, dans un contexte où les pays liés par la géographie oublient cette donnée, ou plutôt passent outre à ce qui est incontournable. La relance par exemple de la politique industrielle se fait en cloisonnement au sein du Maghreb. Chacun ignore l'autre, et tous ne travaillent pas en complémentarité l'un de l'autre, ratant ainsi bien des opportunités alors que cette relance devrait faire la priorité de l'ensemble dans un cadre de concertation et même de soumission à des directives d'harmonisation. Ces pays ratent l'opportunité de se faire coordonner par un titulaire désigné au portefeuille des industries et qui pourra recentrer les efforts communautaires maghrébins sur l'emploi et la croissance, de façon à rendre compétitive l'économie maghrébine. La relance industrielle fera ainsi partie des priorités de l'ensemble et avec une cohérence organisée. Or, chacun a sa propre vision de ce qu'il voudrait faire chez lui, de l'industrie qu'il voudrait lancer ou relancer, en fonction du poids que celle-ci possède dans l'ensemble de son économie. Dans toute relation avec d'autres ensembles régionaux, c'est le parfait déséquilibre qui aura des implications même sur les capacités de négociation. Les politiques économiques intégrées dans le cadre de l'UE face à des politiques économiques isolées, désintégrées dans l'espace maghrébin, la coopération mutuellement bénéfique est difficilement imaginable entre un grand ensemble de pays liés pour le meilleur et pour le pire et chacun des pays maghrébins, pris isolément et qui ont décidé de ne se lier ensemble ni pour le meilleur ni pour le pire, et qui ne récolteront donc que le pire bien sûr. Les pays maghrébins, à défaut d'accéder aux pays de l'UE, ne pourront même pas accéder chacun au marché de l'autre comme cela se fait sur l'autre rive. Il est arrivé que, par moment, quand se ravive l'idée du Maghreb pour en faire une rente politicienne, soit exprimée la conviction qu'il faudrait impérativement qu'existe un groupe de réflexion à haut niveau chargé de l'amélioration de l'environnement des entreprises maghrébines par secteur d'activité, avec même un régime des aides pour favoriser l'innovation, plus particulièrement dans les secteurs menacés par la mondialisation, quand bien même que la compétence en matière de politique industrielle reste encore l'apanage des pays en toute souveraineté, en attendant une intégration totale. Il est déjà arrivé que l'on évoque la nécessité d'une politique agricole concertée, une politique de l'eau concertée, le dégagement de terres arables au Maghreb qui s'inscrirait dans une politique arabe de sécurité alimentaire. Plus particulièrement, L'Algérie et l'Egypte accueilleront les programmes arabes agricoles dans une perspective arabe. Tout a été envisagé dans les discours, y compris les dividendes qui en seront retirés très prochainement. Tout d'ailleurs devait se faire très prochainement, mais rien bien sûr ne s'est fait et tout est resté discours. Il y a des projets intéressant l'Etat mais n'intéressant pas l'entreprise. Il y a donc des arbitrages à réaliser. C'est au niveau de cette concertation que pourra se trouver un compromis entre les visions étatiques et les visions développées par les entreprises, à condition bien sûr que les Etats ou les régimes décident réellement de faire des parcours communs. Par Rochdi Ould Yahia