Une question se pose depuis longtemps. Pourquoi ne pas confier aux assemblées élues des missions supplémentaires qui les impliqueraient dans le champ sécuritaire en mettant à profit la légitimité acquise par des élections ? Ce sont les élus qui confèrent la couverture populaire à la lutte contre la violence d'une façon générale car ce concept ne devrait pas être réduit à la seule dimension « terroriste ». L'implication des élus locaux et parlementaires sous l'égide, la coordination et l'impulsion de l'administration du ministère de l'Intérieur donnerait encore plus de sens à ce qui est appelé « la police de proximité », police ne devant pas se résumer exclusivement à la présence densifiée des forces dites de l'ordre. Quelle utilisation stratégique les pouvoirs politiques qui se succèderont successivement feront-ils de la représentativité populaire des élus pour contribuer activement à la résolution des conflits locaux, à l'encadrement des populations et des jeunes plus particulièrement pour les soustraire aux opérations psychologiques de la subversion ? Le ministre actuel de l'Intérieur avait saisi l'importance de l'introduction de la donnée « participation populaire » quand il dénonçait la déviation de leurs missions d'origine des associations dites de la société civile et quand il avait annoncé le projet de l'implication des populations dans les délibérations des assemblées élues locales. Il s'agit bien de deux axes de travail autour desquels auraient à s'articuler les politiques d'actions des collectivités locales, et qui introduiraient fatalement une certaine dose de décentralisation qui permettrait qu'à des crises locales seraient appliquées des solutions locales. Il avait été annoncé, il y a à peine quelques années, la création par décret du comité national opérationnel d'aide à la prise de décision, sur le modèle probablement du comité français opérationnel interministériel de gestion de crises et qui repose fondamentalement sur la prévention par la mise en action d'un réseau d'alerte et de traitement à temps des données recueillies. Quelle pourrait être la part de responsabilité des élus à éventuellement impliquer dans le fonctionnement de cette structure de prévention et d'éclairage des autorités en charge du pouvoir de décision? L'absence de prise en compte des élus dans les questions de sécurité, ou de «tranquillité publique», dans le cadre du pluralisme politique, serait quelque part due à la dissolution des assemblées élues au moment de l'élaboration de l'état d'urgence. Par Bachir Medjahed