Les opérateurs économiques algériens ont critiqué lourdement les conditions draconiennes imposées par le gouvernement marocain sur les exportations algériennes. Ils affirment être confrontés à de nombreux obstacles qui, souvent, entravent et freinent les exportations algériennes vers le Maroc, «au moment où des facilitations importantes et des avantages encourageants sont accordés aux opérateurs marocains qui exportent leurs produits vers l'Algérie». Lors d'une rencontre de travail ayant regroupé des opérateurs économiques algériens et marocains, jeudi au siège de la Chambre d'industrie et de commerce d'Oran, un éclairage sur l'état des lieux actuel, des relations économiques entre l'Algérie et son voisin le Maroc, a été présenté aux participants. Les interventions algériennes ont été focalisées sur les entraves que rencontrent les producteurs nationaux qui convoitent le marché marocain. Selon eux, le traitement "fort bienveillant" accordé par le gouvernement algérien aux importations marocaines ne trouve pas d'équivalent chez la partie marocaine. Un opérateur algérien, leader dans l'industrie des textiles et de la tapisserie, s'est longuement étalé dans son intervention sur ce paradoxe, en déclarant: «Je trouve inconcevable que l'Algérie accorde toutes les facilitations possibles aux opérateurs marocains qui désirent commercialiser leurs productions en Algérie, alors que les tapis algériens sont interdits d'entrée au Maroc. C'est inadmissible. L'Algérie et le Maroc sont liés par un accord de partenariat qui, malheureusement, semble ne profiter qu'à une seule partie. Pour ne citer que cet exemple, la convention qui a été conclue avec des fabricants de meubles marocains est, depuis quelques années, effective et les meubles marocains sont commercialisés chez nous sans aucune difficulté». Un industriel algérien activant dans l'agroalimentaire affirme être confronté à ce même problème. «J'ai beau essayé de comprendre et de chercher une explication à l'attitude du gouvernement marocain vis-à-vis des opérateurs algériens, je n'en trouve pas. Pourquoi est-ce qu'on interdit l'entrée du fromage algérien sur le marché marocain? Nous avons signé 7 conventions avec le Maroc pour exporter les produits agroalimentaires vers ce pays, mais nous avons du mal à les traduire sur le terrain», a-t-il dit. Côté marocain, le vice-consul a expliqué que «les exportations algériennes vers le Maroc sont définies sur la base d'une liste et elles obéissent à des conditions bien déterminées dont les certifications aux normes internationales et les certificats sanitaires». «Le Maroc attache une grande importance à ces paramètres», ajoutera le diplomate marocain qui n'a pas manqué de soulever, en revanche, les problèmes auxquels est confrontée la main-d'œuvre marocaine engagée en Algérie, en tête la non déclaration aux services de la Sécurité sociale et les salaires dérisoires. A ce sujet, un opérateur marocain affirmera que «l'ouvrier marocain perçoit un salaire qui ne dépasse pas les 12.000 dinars. Un salaire dérisoire par rapport à celui perçu par l'ouvrier chinois payé en devises». Il est à souligner que, malgré la tension permanente entre Alger et Rabat, les deux pays ont décidé d'intensifier leurs rencontres commerciales. Les échanges bilatéraux ont d'ailleurs doublé ces trois dernières années, atteignant un volume de 720 millions d'euros l'année dernière contre 340 millions en 2005. Sur la même période, l'Algérie est passée de la 18ème à la 12ème place en tant que fournisseur du Maroc et du 33ème au 28ème rang en qualité de client. Dans le domaine des échanges touristiques et celui de la main-d'œuvre, 550.000 Algériens ont visité le Maroc l'année dernière et 45.000 Marocains vivent et travaillent en Algérie.