Assurer la permanence au niveau des établissements publics hospitaliers (EPH), est la mission du corps médical, depuis que la médecine existe, mais dans quelles conditions les malades sont-ils accueillis et comment les praticiens et les spécialistes arrivent-ils à honorer ce noble métier et faire face à leur responsabilité envers les patients qui leur sont amenés de jour comme de nuit? Au CHU Dr Hassani de Sidi Bel-Abbès. L'équipe médicale de garde a recensé une moyenne de 250 consultations/jour, dont 5% seulement présentent une urgence, ainsi que 10 évacuations à partir des villes limitrophes, entraînant 10 à 12 interventions chirurgicales quotidiennement. Les UMC y assurent la garde sur une plage horaire allant de 20h00 jusqu'au lendemain 08h00 du matin, avec une équipe composée de deux médecins assistés de deux infirmiers en urgence médicale, tandis que l'urgence chirurgicale est sous la responsabilité d'un chirurgien assisté de deux résidents. Autant dire que pour un CHU de cette importance, les effectifs sont loin de répondre aux besoins. C'est même ce qui incite les malades impatients ou en détresse, à se plaindre de l'accueil du corps médical, notamment durant les week-ends et les jours fériés. Si l'on se réfère au bilan communiqué par les spécialistes, «plus de 400 personnes sont prises en charge, entre autres, des victimes d'agressions, qui nécessitent des soins spécifiques et parfois même des interventions chirurgicales, qui durent jusqu'à 05h00 du matin. Ceci, sans compter certains comportements agressifs des malades vis-à-vis des infirmiers et des médecins de garde», nous a souligné l'un des médecins rencontré au niveau des UMC et pour qui «le corps médical fait partie de ces professions à risque d'agression verbale et même physique. Par conséquent, la mission médicale devient plus difficile à remplir», ajoutera notre interlocuteur. Ce constat trouve son origine surtout dans le manque flagrant du personnel, en périodes des congés. Enfin, l'équipe constituée de médecins généralistes et de spécialistes gagnerait à être aidée dans sa tâche par des médecins urgentistes, comme c'est le cas dans tous les pays du monde. «Des urgentistes capables de faire un diagnostic détaillé sur le terrain, pour aider nos praticiens à donner les meilleures chances au patient de s'en sortir. Chaque cas trié, pour être évacué directement vers le service concerné, peut nous faire gagner du temps et sauver la vie du malade», ajoutera un spécialiste. La deuxième structure d'urgence est située au quartier populeux de Sidi Djillali, qui regroupe plus de 60.000 habitants. Il s'agit d'une polyclinique opérationnelle depuis plus d'une décennie. Outre les 428 consultations assurées en médecine générale, dans la journée, au mois de septembre écoulé, 1.488 patients ont été traités entre 20h00 et le lendemain à 08h00 du matin. Ce faisant, 2.887 personnes ont reçu le jour divers soins médicaux (pansements, perfusions et injections) et 1.616 autres après 20h00. Située à un emplacement stratégique, c'est la plus courue par les patients qui préfèrent être traités à son niveau. Entre-temps, une nouvelle structure hospitalière a ouvert ses portes au niveau du quartier «Sidi Djillali 2». Dotée des moyens nécessaires, elle est censée alléger la pression qui s'exerce de jour sur son aînée du quartier Sidi Djillali 1. Le nombre de médecins qui y sont affectés le jour, ne dépasse pas celui des doigts d'une seule main. «Un nombre très insuffisant qui nous a incités à écrire à la DSP, pour nous renforcer en personnel médical, paramédical et en bureaux d'accueil pour améliorer la qualité dans la prise en charge des patients et développer nos actions de dépistage», nous souligne la médecin-chef. Malheureusement, le volume des horaires imposé au personnel médical dépassant ses capacités, certains membres ont préféré quitter leurs services, à l'image d'un groupe de chirurgiens, gynécologues, praticiens et obstétriciens qui sont partis il y a près de trois ans, de la Maternité de Sidi Bel-Abbès, où ils ne pouvaient plus résister à la charge de travail, qualifiée d'insupportable et compliquée par les évacuations à partir de l'EPH local ou d'autres établissements hospitaliers des wilayas de l'Ouest, à leur tête, Saïda, El-Bayadh, Naâma, Mascara et même Aïn Témouchent.