Solution militaire ? Impasse aussi bien pour les Israéliens que pour les Palestiniens dans la mesure où Israël croit toujours qu'avec les soutiens sans condition des Américains, et même des Européens, il pourrait se permettre de ne pas céder devant les actes de résistance qu'il appelle actes terroristes. La guerre avec les pays arabes? Impossible. Il n'y a plus de champ de bataille faute de combattants et pratiquement également de camp de refus, encore que ce dernier ne représente aucune menace directe pour Israël. Solution politique ? Impossible car les Nations unies sont incapables de mesures de contrainte tandis que les Etats-Unis se comportent à la fois comme médiateur et arbitre mais en faveur des Israéliens. Si alors la solution militaire est impossible et si également la solution politique est impossible, quelle autre voie resterait-il aux Palestiniens si ce n'est pas celle du statu quo prolongé indéfiniment ? Peut-être même que la poursuite de la résistance, bien entendu avec la probabilité que la nature des actions soit à hauteur et en traduction de leur désespoir, finira par être un facteur de plus d'engagement de la communauté internationale. Les Palestiniens vont finir par croire que les accords de Madrid les avaient enfermés dans un piège, celui de leur faire abandonner les actes commis en dehors du territoire palestinien et également celui de ramener les dirigeants et les combattants palestiniens à portée de la répression et des assassinats de dirigeants ciblés. S'il n'y a aucune solution qui ne peut arranger que les Palestiniens et aucune solution qui ne peut arranger que les Israéliens, le bon sens dans tout dialogue impose des compromis. Mais il n'apparaît pas que ce soit pour des compromis qu'Israël a opté mais pour des faits accomplis à imposer. Israël sait très bien que la construction de l'Etat palestinien est inéluctable et qu'il ne s'agit que d'une question de temps. Il ne peut pas ignorer que la résolution 1397 du Conseil de sécurité de l'Onu, en 2002, a reconnu pour la première fois le droit des Palestiniens à disposer d'un Etat et que, durant la même année, il y eut le plan de paix arabe endossé par le roi saoudien, Abdallah, portant sur l'échange de la paix contre les territoires, c'est-à-dire qu'il s'agit d'une proposition de normalisation des relations avec Israël dans le cas d'une acceptation. Il est d'ailleurs à remarquer qu'à chaque fois qu'est médiatisé le droit des Palestiniens à avoir leur propre Etat, Israël s'efforce de s'approprier encore plus de terres et de multiplier davantage les colonies de peuplement, rendant encore plus impossible un compromis car inacceptable comme fait accompli. Que resterait-il alors des attributs d'un Etat, des attributs de souveraineté d'une part, parce que les territoires palestiniens ne seront pas continus, (entre deux villages, il y aura des barrages Israéliens) et, d'autre part, Israël a déjà déclaré qu'il refusera un Etat palestinien doté d'une armée régulière et même d'une politique extérieure autonome. L'impasse dans laquelle se trouve le dialogue ouvert par Mahmoud Abbès avec Holmer, et pratiquement fermé par Benyamin Netanyahu, contraint le président palestinien à se tourner vers un autre dialogue, avec Hamas et certainement que celui-ci se fera aux conditions du parti qui a occupé Gaza. Par Rochdi Ould Yahia