La reprise de la violence entre les Palestiniens et Israël pose à nouveau le problème de la nature du conflit israélo-palestinien. Il y a comme un défaut dans l'appréciation que se fait la communauté internationale en général, Israël et les Etats-Unis en particulier, des capacités (actuelles) de l'Autorité autonome palestinienne à lutter efficacement contre la violence. Washington -qui vient de condamner les derniers attentats de Netanya- feint d'ignorer la réalité de la situation dans les territoires palestiniens occupés et la marge de manoeuvre (nulle) qui est celle des services de sécurité palestiniens qui, selon la volonté d'Israël, ne disposent que d'armes légères ne leur permettant pas de d'accomplir leur mission de tous les jours et encore moins de «désarmer» les groupes jihadistes comme l'exigent Israël et Washington. Les Américains ont, en fait, beau jeu de condamner la violence, -comme ils l'ont fait suite à l'attentat qui a visé le centre commercial de Netanya en Israël- sachant les difficultés qui sont celles de nombre de gouvernements à venir à bout du «terrorisme», à plus forte raison de la part d'un gouvernement ‘'autonome'' palestinien qui n'a pas la latitude d'agir en toute indépendance, comme la possibilité de renforcer ses services de police et de sécurité. Services auxquels Israël refuse qu'ils soient dotés d'armement en phase avec leur mission sécuritaire. La réalité est que l'Autorité autonome palestinienne est, à tout le moins, irresponsable -au plan sécuritaire- de ce qui se passe dans les territoires occupés et au-delà de ces territoires. Les tractations avec l'Egypte après l'évacuation de Ghaza en septembre, sont exemplaires des conditions draconiennes qu'Israël impose à son environnement (arabe). Ainsi, l'exemple des gardes frontières égyptiens positionnés à la frontière entre la bande de Ghaza et l'Egypte illustre parfaitement cet état de fait, Israël ayant négocié et imposé, y compris le calibre des armes et le nombre de munitions qui doit être alloué aux gardes égyptiens. Un détail qui dit non pas la complexité de la situation, qui n'en est pas dépourvue, mais bien la duplicité d'Israël qui s'attend à ce qu'une police palestinienne désarmée contienne, ou neutralise, ce que ses contingents puissamment armés n'ont pu réaliser ces dernières années: désarmer la résistance palestinienne que Washington et Israël persistent à appeler «terrorisme». Ainsi, Adam Ereli, porte-parole du département d'Etat américain, soulignait lundi, que l'attentat suicide en Israël (qui a fait cinq morts) «prouvait une nouvelle fois l'importance» pour l'Autorité palestinienne de «désarmer immédiatement» les groupes radicaux islamistes. Le porte-parole américain d'indiquer: «L'Autorité palestinienne doit immédiatement prendre des mesures pour empêcher ces attaques, pour mettre un terme à la violence et pour démanteler l'infrastructure du terrorisme». M.Ereli ajoute encore: «Nous condamnons cet acte haineux de terreur» se gardant, dans le même temps, de mettre Israël en garde contre la reprise des assassinats ciblés de Palestiniens et la destruction de leurs logements. De fait, les Américains, feignent d'ignorer que l'Autorité palestinienne n'est pas un gouvernement normal et ne dispose pas de « l'autonomie » nécessaire pour agir avec efficience dans ce genre de cas d'espèce. Or, Israël, qui considère la police palestinienne, au mieux, comme une partie hostile, au pire comme élément encourageant le «le terrorisme» n'autorise pas les services de sécurité palestiniens à s'armer en conséquence des missions qui leur sont imparties. De fait, l'Autorité palestinienne qui, il faut le souligner, ne dirige pas un Etat indépendant aux frontières connues et reconnues, est handicapée tant par la situation qui est inconfortable de ne pouvoir agir en toute indépendance que par le fait que le véritable pouvoir dans les territoires palestiniens est dévolu à l'armée d'occupation israélienne qui y décide de tout -la destruction d'habitations de Palestiniens, des assassinats ciblés de Palestiniens, des barrages qui rendent la vie difficile pour les Palestiniens, ou des contrôles incessants- sans que l'Autorité palestinienne ait son mot à dire. Et c'est à cette caricature de pouvoir -qui n'est en fait que de nom- que l'on demande de faire acte d'autorité comme désarmer et démanteler les groupes de résistance palestiniens, émanation même du peuple palestinien. Israël et les USA attendent d'une Autorité palestinienne, elle-même désarmée, qu'elle accomplisse une tâche que la première puissance militaire du Moyen-Orient, l'Etat hébreu, n'a pas réussi à mener à terme en 57 ans de guerre israélo-palestinienne et d'occupation des territoires palestiniens. Durant des décennies, Israël, soutenu par les Etats-Unis, a tenté par tous les moyens à sa disposition -qui sont énormes- d'endiguer et de neutraliser la résistance palestinienne, alors même que la toute première violence c'est encore et toujours l'occupation des territoires palestiniens par Israël. Or, les faux-fuyants n'ont jamais rien réglé surtout un contentieux de la nature du conflit israélo-palestinien. Et tant qu'Israël continuera à occuper la Cisjordanie, Jérusalem-Est et à asphyxier la bande de Ghaza, en la tenant isolée du monde, il est patent que la violence aura encore de beaux jours devant elle. La violence -et partant la sécurité de l'Etat hébreu- ne peut être éradiquée que par un Etat palestinien -vivant aux côtés d'Israël- qui aura alors les capacités requises pour y mettre un terme. Plus tôt Israël comprendra cette donne incontournable, plus tôt la sécurité à laquelle il aspire sera assurée.