L'armée israélienne d'occupation poursuit ses raids meurtriers à Ghaza où six Palestiniens ont été tués lors des dernières 48 heures. Les hélicoptères israéliens de combat ont poursuivi hier leur activité meurtrière dans la bande de Ghaza où quatre Palestiniens, dont deux adolescents, ont trouvé la mort. Deux autres Palestiniens ont été tués mardi à Ghaza lors d'un bombardement d'une maison habitée par des proches de résistants palestiniens. En fait, Israël se livre à un acharnement militaire à tout le moins suspect, d'autant que cette escalade israélienne vient dans la foulée des intentions exprimées par Sharon de retirer son armée de ce territoire palestinien. Il ne fait plus de doute que le gouvernement israélien, par vengeance ou par dépit, a décidé de détruire le peu de ce qui subsiste dans la bande de Ghaza après les expéditions punitives de ces dernières années. De fait, les assassinats et les destructions aveugles qui accompagnent ces expéditions militaires israéliennes ont fait dire, hier, au président palestinien Yasser Arafat qu'«ils (les Israéliens) veulent détruire Ghaza avant de s'en retirer, mais le peuple palestinien, ne pliera pas». Ces actes de représailles contre le peuple palestinien à Ghaza font suite à l'opération kamikaze des résistants palestiniens dans le port israélien d'Ashdod laquelle s'est traduite par la mort de dix Israéliens la semaine dernière. De fait, Israël reste vulnérable, et plutôt que de comprendre que la seule manière de garantir la sécurité de la communauté juive était encore de négocier avec les représentants légitimes du peuple palestinien, représenté par l'Autorité autonome du président Arafat, Israël continue obstinément à se frapper la tête contre les murs, comme un taureau ivre, pensant résoudre de cette manière un problème en stand-by depuis 55 ans. Et depuis 55 ans, la force de la plus puissante armée du Moyen-Orient, malgré ses représailles et ses exactions, n'a pas réussi à venir à bout de la résistance d'un peuple qui croit en son destin et qui croit en son droit d'ériger son Etat indépendant. Israël n'a pas compris également que, pour que l'Autorité palestinienne puisse combattre efficacement la violence, il aurait fallut pour ce faire que celle-ci soit dotée d'un véritable pouvoir et d'un véritable service de sécurité. Or, le gouvernement israélien a tout fait pour que l'Autorité palestinienne ne soit qu'une coquille vide, s'acharnant ces dernières années à désarmer cette autorité palestinienne, par la destruction de son infrastructure, par l'arrestation de ses agents de sécurité. Faut-il aussi rappeler, qu'à l'avènement de l'Autorité palestinienne, Israël avait bloqué un chargement de pistolets à main offert par les Pays-Bas à la nouvelle police palestinienne, sous prétexte qu'il est dangereux de laisser des armes aux Palestiniens. Et c'est à cette police désarmée, à cette autorité palestinienne désorganisée, à son président prisonnier de fait dans son quartier général de la Mouqataâ à Ramallah depuis maintenant trois ans, qu'Israël demande des actes contre le «terrorisme» lorsque ses chars et ses blindés, ses hélicoptères de combat, et son aviation ne sont pas venus à bout de la résistance palestinienne. En réalité, la situation est dans une impasse que seuls les dirigeants israéliens refusent de voir tant ils ne songent qu'à imposer leur diktat aux Palestiniens et à la communauté internationale. Si effectivement Israël avait recherché la paix, il aurait été le premier à demander l'aide de la communauté internationale par l'envoi d'une force d'interposition entre les deux parties juive et palestinienne, une présence internationale qui est aussi la meilleure manière de décanter la situation et de situer les responsabilités des uns et des autres dans la violence récurrente au Proche-Orient. Or, Israël s'oppose à l'intervention de la communauté internationale, des Nations unies ou encore du quartette, ne tolérant que la médiation américaine sachant que Washington n'est pas en état de faire pression ou de refuser quoi que ce soit à l'Etat hébreu. La communauté internationale refuse d'imposer à Israël ce qu'elle impose sans état d'âme à Haïti, à la Sierra Léone, au Libéria et en tout autre lieu où la sécurité du monde est mise en danger. La pusillanimité des instances internationales envers Israël a conforté les Israéliens dans le mépris de tout ce qui ne s'incline pas devant l'Etat hébreu, un pays aujourd'hui au-dessus des lois internationales et auquel rien ne peut être exigé. De fait, Israël ne semble pas être un Etat comme les autres Etats si l'on se réfère aux précautions prises hier par le représentant des Nations unies au Proche-Orient, Terje Roed-Larsen, pour dire la nécessité de faire appel à une force internationale au Proche-Orient en déclarant: «La situation pourrait nécessiter une présence internationale», affirmant espérer «que l'on puisse mettre sur pied une telle présence avec l'accord de toutes les parties concernées». Or, cela fait des années que les Palestiniens réclamaient une telle présence, une résolution sur le sujet ayant même été bloquée, en mars 2001, par le veto américain, pour la simple raison qu'Israël ne voulait pas de cette force qui aurait contribué à clarifier la donne territoriale palestinienne par l'officialisation des frontières israéliennes. Une force internationale est indispensable au Proche-Orient, toute la communauté internationale en est consciente, mais reste impuissante à l'imposer à Israël, car une présence internationale est le seul moyen de résoudre le plus vieux contentieux du monde, solution à laquelle s'oppose Israël même si, en réalité, la sécurité de l'Etat hébreu en sortira renforcée par la caution que lui offre l'existence d'un Etat palestinien d'une part, les garanties de la communauté internationale d'autre part. Mais l'Etat hébreu qui poursuit la chimère d'«Eretz Israël» (le Grand Israël) veut imposer par la force sa solution au peuple palestinien et partant à l'ensemble de la communauté internationale.