Les émeutes ont repris de plus belle hier après-midi au quartier Diar Echems, relevant de la commune de Bir Mourad Rais à Alger. Plusieurs dizaines de jeunes du vieux quartier sont, en effet, sortis dans la rue, au lendemain des affrontements qui ont fait plusieurs blessés et vu une quarantaine d'arrestations, pour affronter les forces de l'ordre dépêchées en renfort pour contenir les émeutiers. Ainsi, et après une accalmie qui a duré toute la matinée, les habitants du quartier sont revenus à la charge. Prêts à en découdre avec les forces de l'ordre qui n'ont pas pu s'engouffrer dans le quartier. Elles étaient appuyées par un hélicoptère qui a survolé sans interruption le lieu des affrontements. Et c'est surtout la proximité du siège de la présidence de la République qui a poussé les autorités à quadriller tout le quartier pour faire face à toute éventualité. Même les tentatives de médiation et d'apaisement n'ont pas pu se faire. L'atmosphère était trop électrique et les jeunes, armés de sabres et de barres de fer, n'ont voulu laisser aucune personne étrangère s'infiltrer parmi les contestataires. Même les journalistes ont dû reculer devant la détermination des contestataires après moult tentatives de rejoindre le quartier. Le face-à-face entre jeunes et forces de police a commencé dès le début de l'après-midi. Des jeunes, ils étaient une centaine, ont pris pour cible les policiers qui étaient postés sur la rue principale en haut du quartier. Et les quelques habitants que nous avons pu contacter n'avaient sur le bout de la langue que le mot ras-le-bol de la situation dans laquelle ils vivent. «Venez vivre ici quelque temps et vous comprendrez ce que nous endurons!» lançait un jeune en direction de gens de la presse. Nous parvenons difficilement à nous faufiler pour interroger un autre jeune qui déclare :«Vous parlez de ras-le-bol, mais de quoi?» questionnons-nous. «Des fausses promesses des responsables qui n'en finissent pas», rétorque-t-il tout de go en précisant qu'il est question de logement. C'est la cause de cette subite et énième montée au créneau. «Assez de vos mensonges! Nous voulons des logements", criaient les jeunes. Interrogé par ailleurs, un vieil habitant du quartier dira: "La daïra a distribué un quota de logements à des personnes étrangères et a oublié nos demandes déposées depuis des dizaines d'années." "J'ai introduit une demande de logement depuis des lustres. J'ai 5 enfants à charge et chaque jour que Dieu fait, on risque nos vies en restant dans nos vieilles habitations qui menacent de nous tomber sur la tête", nous disait avant-hier un père de famille. "Nous sommes prêts à aller encore plus loin dans nos actions", menaçait par ailleurs un jeune du quartier, un sabre à la main. La veille, des dizaines d'habitants de Diar Echams ont investi la rue en guise de protestation, revendiquant des logements sociaux. Les manifestants ont même tenté de marcher sur le siège de la Présidence de la République, situé à moins d'un kilomètre du quartier, armés de barres de fer, de sabres et de pierres. Ils en ont été empêchés par les forces de sécurité anti-émeute. Celles-ci ont dû utiliser pour cela tous les moyens pour contenir les protestataires, notamment des bombes lacrymogènes pour les disperser.