Dix jours après sa condamnation par le tribunal de Sidi M'hamed, à Alger, à une peine d'emprisonnement de quatre mois assortie d'une amende de 2 millions de centimes, suite à une plainte pour diffamation du FLN et de son SG, Abdelaziz Belkhadem, l'ancien secrétaire général de la Coordination nationale des enfants de chouhada (CNEC), Lakhdar Bensaïd, souffle, une nouvelle fois sur la braise. Dans un point de presse animé en fin de semaine, l'ex-patron de la CNEC a repris son sulfureux dossier des enfants de harkis qui auraient «noyauté des institutions publiques». Bensaïd qui n'a décidemment pas sa langue dans la poche a été jusqu'à citer les noms des députés du FLN dont les parents seraient, d'après lui, des harkis. Rien que cela ! Ainsi, Lakhdar Bensaïd a cité le nom du député du FLN de la wilaya de Mostaganem, Abdelhamid Si Affif, parlementaire et ancien président de la commission des Affaires étrangères de l'APN qui serait, d'après lui, un «fils de harki». Et pour étayer ses assertions, le conférencier a révélé que l'Etat a mis fin aux fonctions de Abdelhamid Si Affif pour «avoir vendu une villa appartenant à la daïra de Blida» dont il été le chef auparavant. Bensaïd accuse, également, l'actuel chef du groupe parlementaire du FLN, Ayachi Daadoua, d'être un fils de harki. L'orateur explique que son père Lakhdar Daadoua Ben Belkacem, né en 1905 dans la région de Ouled Harkat, à Biskra, était conseiller communal durant la guerre de libération nationale. A la mort des deux chahids Ibrahim Gouasmi et Mohamed Dehan, «la municipalité de Ouled Harkat a organisé une fête à laquelle avait pris part Lakhdar Daadoua», accuse–t-il sans autre précision. Dévoilant sa liste «rouge», Lakhdar Bensaïd désigne du doigt Nahet Youcef, député de la wilaya de Chlef et membre de la commission exécutive du FLN (organisme suprême du parti) d'être, lui aussi, un fils de harki. L'ex-responsable de la CNEC a, en outre, cité pêle-mêle les noms des députés Abbas Mohamed Lazrag et Saadi Ghedir de Khenchela (FLN) qu'il affuble du qualificatif peu glorieux de «fils de harkis». Cela étant, et au-delà de la véracité de telles «révélations» faites par un membre de la famille dite «révolutionnaire», ces déballages répétitifs constituent une preuve, si besoin est, que les pouvoirs publics n'ont rien fait pour élucider ces sombres histoires de la révolution. Il est à se demander pourquoi les autorités n'ouvrent pas une information judiciaire pour vérifier la véracité des faits ou conclure à de simples affabulations d'un homme en disgrâce. Ceci, d'autant plus que ce dossier revient cycliquement au-devant de la scène. Un confrère a, en effet, écrit, hier, que le père de Khaled Bounedjma, président de la CNEC, a été «tué par les moudjahidine». Une façon de dire qu'il était de l'autre côté de la barrière durant la révolution. Le député du RCD et néanmoins vice-président de l'APN, Noureddine Aït Hamouda, a déclaré récemment à un autre confrère que le père de l'actuel président de l'ONEC, Tayeb El Houari, «a été tué par les moudjahidine» ! De quoi se poser des questions sur le passé révolutionnaire de beaucoup de martyrs. Il va de soi que ces «histoires» de collaboration avec l'ancienne puissance coloniale tombent très mal dans un contexte marqué par une guerre de mémoire entre l'Algérie et la France. Il ne serait pas aisé, en effet, de réclamer à la France de répondre de ses actes abjects et passer sous silence des soupçons de trafic des mémoires. Doit-on s'attendre à un procès exemplaire contre Bensaïd et tous ceux qui évoquent ce genre d'escroqueries ? Rien n'est moins sûr.