Après une journée d'émeutes, de protestation et de confrontation entre les contestataires et les forces de l'ordre, le calme a regagné tous les environs de la commune d'El Ançor. Toutefois, les magasins et le marché sont restés fermés, mises à part quelques tables de fruits et de légumes. Les écoliers n'ont toujours pas rejoint les cours, de peur de revoir les scènes de violence se reproduire. On notera également que les brigades anti-émeutes, sont restées sur les lieux, encerclant ainsi le siège de la commune. Les éléments de la gendarmerie nationale, relevant de la brigade anti-émeutes, ont procédé, avant-hier, à l'arrestation de plusieurs contestataires, y compris, le secrétaire général de l'UNJA, Boutaleb Abdelkader. Harrazi Djamila, la mère de ce dernier, nous confiera: «Vers les coups de 22h00, les éléments de la gendarmerie nationale, ont fait une perquisition en notre domicile et ont ensuite emmené mon fils qui n'avait, absolument, rien à voir avec ces émeutes. Il a protesté pacifiquement, contre la souffrance endurée par les citoyens d'El Ançor, à cause des deux carrières. Vers minuit, les éléments de la gendarmerie sont retournés sur les lieux pour fouiller la maison et je ne peux pas vous décrire la pression dans laquelle nous avons passé la nuit d'avant-hier.» Notre interlocutrice ajoutera: «On m'a empêché de le voir et il est toujours au siège de la gendarmerie.» Merar Ançri, le représentant de l'organisation de la protection de l'environnement, a, lui aussi, subi le même sort et on apprendra de son épouse, Ammari Fatima, qui dira: «Nous étions réunis pour le dîner, lorsque les gendarmes ont investi notre maison et ont emmené mon mari avec eux». Celle-ci niera, de son côté, le fait que son mari n'ait aucun rapport avec les dernières émeutes et insistera aussi qu'il avait seulement soutenu la protestation, qui était d'ailleurs pacifique.» Les voisins des personnes arrêtées ont adressé une correspondance aux services de la gendarmerie, pour qu'ils libèrent immédiatement ces personnes, en signe de solidarité. Quant aux enfants, n'ayant pas rejoint leurs classes, B. Merouane, élève en deuxième année moyenne, indiquera: «Je me suis rendu à mon école, dans la matinée, mais il n'y avait aucun enseignant, à l'exception de quelques élèves qui ont, eux aussi, préféré quitter l'école, de crainte de voir se déclencher le même scénario, encore une fois.» Etant sur les lieux, nous avons aperçu le véhicule de la protection civile qui transportait une seconde victime turque et souffrante de graves blessures. Arrivée devant la polyclinique d'El Ançor, l'ambulance sera redirigée vers l'hôpital de Aïn El Türck, vu que le surveillant médical, travaillant dans cette polyclinique, confirmait bien que le service ne recevait pas de malades le soir. Alors que ce même établissement médical avait reçu, dans la matinée d'hier, quelques citoyens souffrant d'asthme et qui avaient été aspergés par le gaz lacrymogène. Selon des sources sécuritaires, 26 personnes ont été arrêtées et seront présentées, aujourd'hui, devant le juge d'instruction, près du tribunal de Aïn El Türck, tandis que les femmes et les mineurs ont été tous relâchés, dans la soirée d'hier. Pour sa part, le secrétaire de la wilaya de l'union nationale de la jeunesse confirmera: «Cet état de fait nous désole vraiment, nous voulions juste une protestation pacifiste, à l'instar de toutes les associations qui ont pris part à ce mouvement de contestation. Nous vivons des conditions dramatiques, à cause de ces deux carrières et nos intentions étaient bonnes et légitimes. J'ai contacté les services de la gendarmerie pour avoir des nouvelles des personnes arrêtées et je réclame leur libération, ce sont des personnes innocentes qui n'ont participé, d'aucune manière, à cette mascarade.» Par ailleurs, le président de l'APW a expliqué que l'administration avait proposé cinq procédures et qu'elle était sur le point de les concrétiser, juste avant les émeutes, et elles consistaient en un arrosage quotidien, pour éviter que la poussière nuise aux riverains, l'arrêt obligatoire du travail quand il y a du vent et interdire l'usage de la dynamite durant la nuit. Ces mesures ont toutes été prises au profit de tous les habitants de la localité.