Les milliards qui ont été injectés par l'Etat pour la réalisation de stations d'épuration ou de lagunage, au profit du domaine agricole, lésé en ressources hydriques destinées à l'irrigation, n'ont pas eu l'effet escompté sur les fellahs de la région d'Aïn Témouchent. Certains, parmi ces fellahs, ont d'ailleurs été surpris à maintes reprises en flagrant délit d'irrigation aux eaux usées de leurs cultures et les destructions de leurs récoltes ne les ont pas découragés pour autant. Une pratique frappée d'interdit d'ailleurs parce qu'elle est porteuse de risques de transmission de MTH. En raison de ressources hydriques peu abondantes, les fruits et légumes pratiqués dans la wilaya de Aïn Témouchent sont les plus chers de toute la région Ouest, et pour cause. 70% des terres cultivées sont occupées par la vigne et à un degré moindre par la céréaliculture, car elles ne demandent pas énormément d'eau pour leur survie. Devant ce constat, l'Etat a réalisé durant ces cinq (5) dernières années, pas moins de six (6) stations d'épuration ou de lagunage, destinées à épurer les eaux usées et à emmagasiner les eaux de ruissellement issues des pluies, pour les destiner à une bonne irrigation sans danger pour les consommateurs. Pour rappel, ces six (6) stations sont implantées respectivement à Ain El-Arbaâ, El-Amria, Hassi El-Ghella, El-Malah, Emir Abdelkader, Sidi-Safi, où elle sont opérationnelles. On n'attend plus que les fellahs, pour qu'ils se décident à s'organiser pour établir des tours d'irrigation. Il faut dire qu'une fois que ces stations ont été réceptionnées, leur gestion a été prise en charge par l'Office national d'assainissement (ONA) de Aïn Témouchent. Pour en savoir plus sur les raisons de ce retard mis dans l'exploitation effective de ces stations, nous nous sommes rapprochés de la direction de l'ONA, où M. Bouhada nous a fait savoir, que malgré les gros investissements engagés par l'Etat dans ces réalisations, ces stations ne sont toujours pas exploitées à bon escient, sachant que leurs eaux épurées se perdent inutilement dans les oueds, tandis que celles provenant de la station de Ain El-Arbaâ ne profitent plus qu'à la Sebkha toute proche. Pour lui, «le problème touche les responsables de l'Agriculture car, dit-il, il n'y a pas assez de discours de sensibilisation transmis aux fellahs, notamment ceux dont les terres agricoles sont accessibles pour les eaux issues de ces stations. Des fellahs qui devraient, dit-il, se constituer en associations et organiser leurs tours d'irrigation.» Et d'ajouter que l'ONA va procéder à une grande campagne de reboisement en oliveraies, autour de ces six (6) stations. «Il s'agit là, dira M. Bouhada, d'une expérience pilote productive, en espérant que la vue des milliers de jeunes oliviers plantés et irrigués à partir de ces stations, finira par décider ces agriculteurs à faire confiance aux eaux épurées produites par l'ONA et à faire en sorte que les investissements engagés ne l'ont pas été en pure perte», a conclu notre interlocuteur. Ces agriculteurs sauront-ils payer de leurs personnes, à défaut de participer financièrement aux frais d'exploitation de ces stations? «Ils ont été trop habitués à vivre en parasites, en puisant les eaux usées des oueds, avec lesquelles ils préfèrent empoisonner les consommateurs, plutôt que se décider à payer leur eau d'irrigation», nous rétorque une source proche des services de l'Environnement.