La tension était à son comble, hier, à l'Assemblée nationale. La liberté d'expression, au sein même de l'hémicycle, est en cause. Une montée d'adrénaline, comme on n'en a jamais vu depuis des années. A l'origine, l'accusation d'«APN issue de fraude» portée par les députés RCD. Débattant de la Loi de finances 2010 (LFC), des députés RND ont critiqué certaines dispositions comme l'augmentation des budgets de fonctionnement. "Face à la crise économique, et avec la baisse de nos recettes pétrolière, le gouvernement devrait normalement revoir à la baisse ses dépenses. Or, c'est tout à fait le contraire qui est en train de se passer" regrettera le député. Un autre, appartenant à la même formation, demandera à ce que l'on rationalise les dépenses, à mettre en place des mécanismes de lutte contre la corruption et le chômage. Un député d'El Islah s'interrogera, pour sa part, sur l'absence de bilan du gouvernement. Il regrettera la violation continue de la Constitution par le gouvernement qui refuse toujours de présenter son bilan, appelant en même temps à une loi de règlement budgétaire. Les députés FLN étaient, pratiquement, les seuls à caresser dans le sens du poil. L'intervention du député RCD de Tipaza, Mohamed Khendak, qui a dénoncé «une assemblée issue de la fraude» a été à l'origine de la suspension de la séance par Ziari. Le député avait, au passage, sévèrement critiqué le projet de LFC. Pour lui, ce n'est qu'un projet de plus qui sera adopté par une assemblée "issue de la fraude". Une phrase qui a soulevé l'ire d'un autre député, ce qui provoquera un brouhaha indescriptible qui a poussé Ziari à lever la séance. Au retour, le président a demandé au député du RCD de retirer "le mot qui blesse", demande refusée par le député qui dénonce "des tentatives de musellement au sein de l'APN". Pour mémoire, ce n'est pas la première fois que le mot "fraude" est prononcé à l'Assemblée. Une dizaine de députés du RCD sont intervenus, l'un après l'autre, pour lire la même déclaration "qui dérange". Et, à chaque fois, le président de l'APN coupe le micro quand l'expression "assemblée issue de la fraude" est prononcée. Ziari a indiqué qu'elle ne sera pas inscrite dans le procès-verbal de l'APN. Il a même insisté auprès des membres du gouvernement afin de répondre "énergiquement" contre les accusations du RCD. Ce parti a en effet soulevé un certain nombre de critiques et dénoncé la manière dont sont gérées les affaires du pays. Une dénonciation qui n'est apparemment pas du goût du président de l'APN, Abdelaziz Ziari.