La séance nocturne de la plénière de l'Assemblée populaire nationale (APN) de samedi dernier a été marquée par une intervention pour le moins inattendue du ministre chargé des relations avec le parlement, qui a poussé le groupe parlementaire du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) à quitter l'hémicycle. S'arrogeant le rôle de défenseur acharné de l'Etat, Mahmoud Khoudri se lance dans une série de piques à l'adresse du RCD dont l'un des députés, Noureddine Aït Hamouda en l'occurrence, avait évoqué lors d'une précédente séance le dossier des faux moudjahidine. « Nous n'avons pas besoin d'Alliot-Marie pour nous dire qui est moudjahid et qui ne l'est pas », martèle le ministre en sommant son auditoire critique de « respecter les règles démocratiques ». Dans une succession de phrases sans grand lien apparent entre elles, Mahmoud Khoudri évoque « l'humiliation subie par l'Algérie à cause du panel onusien qui a enquêté sur les massacres collectifs de Raïs et Bentalha ». Le ministre, qui croyait se trouver dans une assemblée d'un parti politique, entre autres déclarations, a revendiqué la révision constitutionnelle. Les attaques de Khoudri ne laisseront pas le groupe parlementaire du RCD sans réaction. Le député et président du parti, Saïd Sadi, ira jusqu'à brandir un billet de banque à la face du ministre en lui disant : « c'est avec ça qu'on vous a acheté », avant de quitter carrément l'hémicycle. Une déclaration publiée hier par le bureau de ce groupe parlementaire dénonce « des dérives parlementaires d'une extrême gravité ». La déclaration du RCD estime que « la session de nuit avait été improvisée pour certains membres du gouvernement en vue d'offrir au très sulfureux Khoudri, ministre chargé des Relations avec le parlement, l'occasion de passer des messages aussi indignes que démagogiques ; message que le président de l'Assemblée ne voulait ou ne pouvait plus assumer ». Revenant sur les faits, le RCD a souligné : « Censé donner le bilan de son département, M. Khoudri se découvre une âme de maquisard de la 25e heure et s'adonne à des surenchères nationalistes propres aux individus soucieux de faire oublier un passé trouble ». Cela en accusant le ministre « d'insulter » le groupe parlementaire du RCD et de tenter de « jeter le doute sur le patriotisme de ses députés ». Le RCD critique, en outre, l'attitude du président de l'Assemblée qui « reste impassible sinon complice devant tous ces dépassements et affiche cependant son autoritarisme en menaçant par le geste et la parole un député du RCD qui demandait de mettre un terme aux élucubrations de Khoudri ». Le groupe parlementaire du RCD, qui a tenu une réunion hier, a souligné dans sa déclaration qu'il est « présent dans l'enceinte parlementaire face à des groupes politiques clientélisés, promus par la fraude électorale et sommés de couvrir et d'assumer toutes les outrances de l'Exécutif ». Et d'affirmer qu'il « est et restera le représentant vigilant de ceux qui savent que l'Algérie mérite un autre parlement et qu'il est du devoir de chacun de s'élever contre toute forme d'arbitraire, notamment lorsqu'il porte atteinte à la dignité des institutions de la République ».