En déclarant que la prouesse réussie par le football est également «réalisable dans tous les autres secteurs», et considérant la formidable mobilisation populaire qui a accompagné les Guerriers du Désert, Zerhouni exprime-t-il l'intention du président de la République de vouloir initier des actions d'envergure en réponse à la formidable mobilisation constatée lors des matchs de l'EN? Le retour à la paix, après de longues années de violence, la montée en cadence des grands chantiers et le retour très remarqué de l'Algérie, ponctué par une qualification en Coupe du monde, sont des socles solides et des bases de départ pour la concrétisation de nouvelles initiatives qui ne pouvaient aboutir, faute d'adhésion populaire. Cette reconstruction s'avère particulièrement difficile et soulève des problématiques très complexes: ses acteurs sont nombreux et ses enjeux s'enchevêtrent entre un système politique en grande mutation et une société marquée par le règlement introuvable de son niveau de vie et de son pouvoir d'achat plus qu'érodé. Jamais un match de football n'aura autant rapproché le peuple de ses institutions. Cette confiance retrouvée doit servir d'abord à relancer le dialogue avec l'opposition pour enterrer la hache de guerre et permettre à cette dernière de jouer pleinement son rôle de contre-pouvoir nécessaire à toute démocratie. Récemment le président Bouteflika avait fait son cheval de bataille la promotion des libertés démocratiques, les droits de l'Homme, la liberté de la presse, ainsi que l'égalité constitutionnelle entre les hommes et les femmes. Le premier acte du président Bouteflika, sur lequel il sera grandement attendu par toute la classe politique, concerne bien évidemment l'ouverture des champs politique et audiovisuel qui sont les deux segments essentiels à un changement réel. L'opposition n'a cessé, depuis quelques années, d'insister sur la nécessité de provoquer le changement dans la pratique politique pour redonner confiance au citoyen et à la réhabilitation et à la reconsidération de l'exercice politique ainsi qu'à son assainissement des comportements des opportunistes et de ceux mus par des intérêts étroits au détriment du peuple. La classe politique a également appelé les autorités centrales à oeuvrer dans le sens de l'ouverture du champ audiovisuel, «car son verrouillage ne sert aucunement les intérêts du peuple algérien» indique-t-on. Le rétrécissement du champ politique, depuis quelques années, la fermeture totale du champ audiovisuel à toute opposition qui ne cadre pas avec les objectifs de la politique en vigueur, ainsi que les menaces constantes qui pèsent sur la liberté d'expression font qu'aujourd'hui il existe une menace certaine sur le devenir du pays qui est appelé encore une fois à réaliser un autre sursaut politique qualitatif. Plusieurs leaders politiques, et non des moindres, sont convaincus que la seule alternative possible pour sortir définitivement du sous-développement moral et économique est de laisser la société s'exprimer d'une manière démocratique et transparente sur toutes les questions d'intérêt général. En effet, jamais le pays n'a connu une aussi profonde léthargie politique. La maigre opposition est confinée dans une sorte d'attentisme qui la prive de toute légitimité populaire alors que la majorité présidentielle, quoique divisée, arrive difficilement à assumer la continuité politique telle qu'attendue par la majorité du peuple.