A Remchi, comme partout ailleurs à travers la wilaya et le pays, la fête de l'Aïd-el-Adha a été vécue dans l'allégresse, malgré la pénurie proverbiale du pain, du lait et même des transports. Une fois l'accomplissement de la prière de l'Aïd, pour laquelle les fidèles se sont présentés tôt à la mosquée habituelle et sitôt les échanges de congratulations achevés vers 09h00 du matin, les citoyens se sont empressés de rentrer chez eux, pour accomplir le rituel du sacrifice. Bien que le matériel nécessaire à l'égorgement du mouton était déjà prêt, les gens ont dû patienter un petit moment, le temps que l'imam accomplisse en premier le sacrifice, comme le veut la tradition musulmane. Les moutons ont commencé, ensuite, à tomber l'un après l'autre. Certains, ceux qui ne savent pas s'y prendre ou ne tiennent pas à égorger eux-mêmes leur mouton, ont dû attendre un bon moment que quelqu'un vienne à leur secours pour le faire à leur place. Une fois l'équarrissage et l'éviscération terminés, les femmes ont pris le relais pour nettoyer les cours des maisons ayant servi à l'abattage, tandis que les plus jeunes s'escrimaient avec le nettoyage des viscères pour procéder à la préparation de la «douara» en sauce ou à la confection du «ôusbane» traditionnel, alors que d'autres ont installé le kanoun pour passer à la flamme le «bouzellouf». Parallèlement à cela, la maîtresse de maison grillait le cœur et le foie du mouton, ces derniers étant ensuite découpés en morceaux, pour le succulent «melfouf», autour duquel s'attablera toute la maisonnée. Ces petites pièces de foie et de cœur, enroulées dans de la crépine de graisse et enfilées en brochettes sont grillées sur des barbecues, avant d'être consommées toutes ruisselantes par les petits et les grands, du moins ceux qui ne craignent pas d'agresser leur taux de cholestérol. Tout cela, dans la joie des retrouvailles (mlemma), d'autant que certains font des centaines et des centaines de kilomètres, pour goûter à ce bonheur familial et se ressourcer dans un climat de convivialité, pour oublier le stress de la vie quotidienne. Après l'accomplissement de la prière du vendredi, certains ont commencé à rendre visite aux familles habitant la ville ou les localités avoisinantes, alors que d'autres ont préféré reporter cette obligation au lendemain. Or, la matinée d'hier consacrée au deuxième jour, a été marquée par la pénurie de lait et de pain. La quasi-totalité des magasins était fermée et les portes de toutes les boulangeries hermétiquement closes. La foule commençait à s'agglutiner vers 09h15, devant l'une des rares épiceries ouvertes. Les clients se bousculaient à l'entrée du magasin, pour avoir du pain livré par un boulanger de Sebaâ Chioukh, commune relevant de la daïra de Remchi, dont elle est distante de 22km au nord-est. Comme de coutume, ce deuxième jour est consacré aux visites familiales. Par groupes, les gens ont commencé à faire leur ronde; ceux qui devaient se rendre dans une autre localité, se sont dirigés vers les stations de taxis ou de bus, pour tenter de prendre place dans un véhicule de transport. Malheureusement, comme toujours en de pareilles occasions, les moyens de transport ne circulaient pas en nombre, d'où les attentes interminables et les bousculades à l'arrivée d'un bus, Karsan ou taxi. Même les clandestins, assez nombreux d'ailleurs et exigeant un prix prohibitif, n'arrivaient pas à satisfaire la demande. Certes, ces sempiternels problèmes dérangent, mais ils ne gâchent pas, pour autant, la fête que nous souhaitons joyeuse pour tout le monde.