C'est un sentiment de punition collective qu'éprouvent les automobilistes depuis le lancement du «nouveau code» de la route. Amendé pour la 3ème fois en moins de dix ans, ce code s'apparente beaucoup plus, selon les automobilistes, à un code pénal de la route qui autorise et/ou ouvre les portes à une plus grande répression, sans vraiment se soucier des résultats, ni de l'art ni de la manière d'ailleurs. «Sincèrement, je ne sais pas encore grand-chose de ce code. Je sais seulement qu'il y a plus d'amendes qu'avant». C'est ce qu'a confié un chauffeur de taxi qui a peur depuis quelques jours. «Même si, auparavant, je n'ai jamais eu affaire à un problème de la route, je sais qu'il suffit d'un oui ou d'un non, d'une manœuvre anodine pour me faire retirer mon permis de conduire, et mon gagne-pain avec, en plus du risque d'emprisonnement qui plane» ajoute notre interlocuteur. Il n'y a, certes, aucune raison de remettre en cause la volonté des autorités de faire baisser le nombre de morts sur nos routes, mais le nouveau code me semble être lancé dans la précipitation. Aucun objectif n'a été arrêté en matière de baisse des accidents de la circulation, et les politiques menées, jusqu'à maintenant, ont donné des résultats mitigés. Résultat, au lieu de baisser, le nombre d'accidents est en hausse. «Aucune réponse, aucune étude n'a été faite. Combien de fois devrions-nous changer de code? Les autorités mènent une politique systématique de durcissement qui a atteint ses limites. Nous sommes devant une situation d'échec et les pouvoirs publics devraient être à l'écoute des automobilistes pour gagner la bataille de la route», précise un syndicaliste des chauffeurs de taxi. «Avant d'appliquer ce code répressif, il fallait commencer par améliorer l'état du réseau routier qui constitue un énorme danger et mettre en place des signalisations convenables» commentera un routier avant d'ajouter «l'application du code est une affaire d'éducation, de formation dans les auto-écoles».Les campagnes de sensibilisation menées par les pouvoirs publics sont timides. Sans effet, quand elles ne sont pas ponctuelles. En moyenne, 4.000 morts sont enregistrés chaque année sur nos routes. Des mesures drastiques et lourdes ont déjà été prises en 2004 sans que cela n'améliore la situation. Même avec le port obligatoire de la ceinture de sécurité et l'interdiction de l'utilisation du téléphone portable au volant, le nombre de décès augmente constamment. Aucune amélioration, et les statistiques macabres démontrent, si besoin est, l'échec des responsables du secteur à faire face à l'hécatombe. A l'échec, une main de fer est opposée. Aux mêmes maux les mêmes remèdes, et ce n'est certainement pas l'alourdissement des sanctions qui va améliorer les choses.