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L'homme qui a fait éclater le "scandale du trafic des attestations de moudjahid" devant le juge La justice rouvre le dossier Melouk "des magistrats faussaires"
«Au moment où l'on exhume tous ces dossiers de corruption, je réitère mon appel au président de la République afin d'ouvrir le dossier des magistrats faussaires». Ce vœu de Benyoucef Mellouk, l'homme qui a fait éclater le grand scandale du trafic des attestations de moudjahid, en 1992, vient d'être exaucé. En effet, la chambre administrative du tribunal de Sidi M'hamed vient de lui signifier la réouverture du procès des magistrats faussaires qui traîne depuis des années. C'est le concerné, lui-même, qui nous a confié la nouvelle hier après avoir reçu la notification auprès du greffier. Mais Benyoucef Mellouk était, hier, quelque peu inquiet du fait qu'il n'a trouvé aucune trace du volumineux dossier qu'il a remis à la justice. «Je me demande ce qui se prépare. C'est un dossier vide que j'ai trouvé chez le greffier… » affirme-t-il, en redoutant un procès expéditif au terme duquel il payera les «pots cassés». Cet ancien chef de service des Affaires sociales et du contentieux au ministère de la Justice est d'autant plus inquiet qu'il vient juste de découvrir (en janvier dernier) qu'il avait été condamné en appel à 4 mois de prison ferme dans l'affaire qui l'opposait à l'ancien ministre des Moudjahidine, Mohamed Djeghaba, et l'ancien ministre de l'Intérieur, Mohamed Salah Mohammedi, cité dans l'affaire dite des magistrats faussaires.Mellouk s'était, en effet, vu remettre une copie d'un jugement qui a été rendu le 14 juillet 2008, alors qu'il n'était même pas informé de ce procès. Son avocat, Me Aït Larbi, qui a estimé «qu'on aurait dû notifier la condamnation à mon client par le biais de la police judiciaire ou par un huissier», avait alors décidé de faire opposition par défaut pour refaire le procès en appel. C'est, apparemment, cet impair que vient de réparer la justice en prévoyant ce procès pour le 22 de ce mois. Mais cela ne rassure pas tout à fait Benyoucef Mellouk dont le calvaire dure depuis 18 ans. Il craint que l'on veuille juste en finir avec cette affaire qui a éclaboussé plus de 300 personnes issues du sérail politique, en l'envoyant en prison.Cet homme, qui a fait éclater le scandale des magistrats faussaires au nom d'un sursaut patriotique, pour dénoncer les trafiquants de la mémoire de la Révolution, était loin de se douter qu'il allait briser sa carrière. Licencié de son emploi, alors qu'il était cadre au ministère de la Justice, Benyoucef Mellouk n'a pas encore bénéficié de ses droits à la retraite. Pis, son passeport lui avait été confisqué pendant quelques mois avant qu'on le lui restitue. C'est donc un homme blasé qui va comparaître, une énième fois, devant le juge pour répondre de ses accusations contre certains pontes du régime et de sa périphérie qui auraient profité d'un statut royal de moudjahid. Pourtant, même le ministre des Moudjahidin, Mohamed Chérif Abbès, avait reconnu lui-même, il y a deux années, qu'il y aurait «environ 10.000 faux moujahids en Algérie». Cet aveu du ministre n'a pas suffi, pour autant, à la Justice, pour organiser un procès national dans lequel toutes les personnes citées seront appelées à la barre. Rendez-vous au 22 février, Benyoucef Mellouk y sera au box des accusés.