C'est avec stupeur et consternation que Benyoucef Mellouk, l'homme par qui a éclaté l'affaire dite des « magistrats faussaires », a reçu la nouvelle de sa condamnation en appel par la cour d'Alger. C'est ce qu'il a appris incidemment hier, en se rendant au palais de justice, rue Abane Ramdane, pour s'enquérir de son affaire. « Et voilà que je me vois confier une copie d'un jugement qui a été rendu plus d'une année de cela sans que j'en sois informé ni que j'aie été convoqué pour ce procès », affirme, atterré, l'ancien chef de service des affaires sociales et du contentieux au ministère de la Justice. Le jugement en appel a été rendu le… 14 juillet 2008. « Figurez-vous que je n'ai jamais reçu de convocation pour ce procès. Jamais rien à ce sujet ne m'a été notifié. Même mon avocat, maître Mokrane Aït Larbi, n'a rien reçu », soutient M. Mellouk, qui ne comprend pas cet « oubli » qu'il assimile à une « négligence délibérée ». Le premier jugement rendu à l'encontre de Benyoucef Mellouk le condamnait, le 4 février 2008, à quatre mois de prison ferme. Il était poursuivi pour diffamation dans une affaire qui l'opposait à l'ancien ministre des Moudjahidine, Mohamed Djeghaba, et l'ancien ministre de l'Intérieur, Mohamed Salah Mohammedi. M. Mellouk avait cité des proches de ces deux ex-ministres comme étant impliqués dans l'affaire des magistrats faussaires, une affaire qui agite la scène médiatique depuis 1992. Le jugement en appel n'a fait que confirmer celui prononcé en première instance puisque M. Mellouk se voit condamné à la même peine : 4 mois de prison ferme. Contacté au sujet de cet imbroglio procédurier, l'avocat de M. Mellouk, Me Aït Larbi, répond : « On aurait dû notifier la condamnation à mon client par le biais de la police judiciaire ou par un huissier, mais cela n'a pas été fait », avant d'ajouter : « Nous allons introduire une opposition par défaut pour refaire le procès en appel. » Une chose est certaine : ces navrantes péripéties sont loin d'entamer la détermination de l'ancien fonctionnaire de la justice à faire triompher la cause pour laquelle il se bat maintenant depuis 18 longues années. « Au moment où l'on exhume tous ces dossiers de corruption, je réitère mon appel au président de la République afin qu'il ait le courage d'ouvrir ce dossier », conclut Benyoucef Mellouk.