Une centaine de praticiens de la santé publique ont tenu, hier, un rassemblement national dans l'enceinte de l'hôpital Mustapha Pacha d'Alger, le premier du genre après le gel de la grève qui a duré trois mois à l'appel des deux syndicats autonomes, le SNPSP et le SNPSSP. Venus de plusieurs wilayas du pays, d'Oran, de Sétif, de Constantine, de Mostaganem, de Mascara, de Bouira, de Sidi Bel-Abbès et de Blida, les blouses blanches ont entamé, cette fois-ci, une marche silencieuse à l'intérieur de l'établissement hospitalier, avec port de brassard noir et brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Statut refusé, apartheid salarial, la santé est à l'agonie, Barkat Baraket». Le rassemblement s'est terminé par une halte au niveau du portail d'entrée où tout le monde s'est assis par terre, en signe de deuil mais également de désarroi, devant le cordon des forces anti-émeute dépêchées pour la circonstance. Approché par nos soins, le Dr. Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes (SNPSSP), a dénoncé «le mépris affiché par la tutelle qui, au lieu de répondre aux revendications de la corporation, notamment sur le statut particulier et le régime indemnitaire, use de menaces de révocation et de sanctions à l'encontre des grévistes». «Malgré la reprise du travail et le langage répressive du ministère de la Santé, les praticiens ne comptent pas baisser les bras aussi facilement». Le SNPSSP pense à d'autres moyens de protestation, à savoir saisir les instances internationales, reconduire les sit-in et rassemblements, mais aussi envisager la reprise de la grève. Selon le médecin syndicaliste, une réunion sera tenue demain par les deux exécutifs pour donner suite aux actions de protestation. Le Dr. Merabet trouve ahurissant le comportement menaçant de Barkat qui ne fait, d'après lui, qu'«amplifier le sentiment de hogra et d'humiliation à l'égard d'un corps public qui ne demande qu'une véritable revalorisation». Il ajoutera, avec un air de dépit visible sur son visage, «au jour, d'aujourd'hui, nous n'avons reçu aucune notification officielle de la part de la Justice. Si nous avons suspendu la grève, c'est beaucoup plus par rapport au malade. Et rien ne nous fera reculer de nos revendications légitimes». Pour le Dr. Merabet, le rassemblement d'hier est une preuve suffisante de la conscience des praticiens qui restent mobilisés autour de leurs objectifs. «Quoi qu'il advienne, le combat continue !», a-t-il déclaré.