En dépit des énormes saisies de drogue, opérées par les services de sécurité pour endiguer ce phénomène de plus en plus menaçant pour notre pays, le trafic et la consommation de drogue en Algérie ne cessent d'augmenter. En 2009, les services de sécurité ont saisi 74 tonnes de drogue, soit une hausse de 95% par rapport à 2008. «Nous estimons que 23% environ de ce qui transite par l'Algérie reste pour la consommation. Nous ne sommes pas à l'abri d'une catastrophe si nous ne prenons pas les choses à temps», a reconnu, hier, à la radio chaîne III, Abdelmalek Sayah, directeur de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT). Pour la première fois, M. Sayah tire la sonnette d'alarme sur ce problème qui a fait des dizaines de morts parmi les gendarmes et les douaniers, en accusant certains, parmi les importateurs et les entrepreneurs, d'être des barons insaisissables. «Les barons sont intouchables, ils sont dilués dans la société. Ce sont des importateurs, des entrepreneurs, etc. Les neutraliser c'est évident, mais encore faut-il les identifier», avoue Abdelmalek Sayah. Selon l'intervenant, le phénomène de la drogue a pris de l'ampleur dans notre pays, à telle enseigne qu'il est difficile de s'en approcher. C'est la loi de l'omerta. «Les narcotrafiquants ne reculent devant rien. Ils sont bien outillés avec des moyens sophistiqués. Il y a eu des morts parmi les gendarmes et les douaniers dans des accrochages» a déclaré M. Sayah. Il faut dire que la proximité de l'Algérie, à la frontière du Maroc, premier producteur de cannabis au monde, mais aussi à l'interface entre le Sahel et l'Europe, fait que le pays est devenu un carrefour incontournable dans le trafic. Pour Monsieur antidrogue, les services de sécurité sont en train de renforcer leur présence et d'installer de nouveaux postes avancés pour accentuer les contrôles. Mais l'autre problème, auquel sont confrontées les forces de sécurité, est la difficulté à identifier les responsables des trafics, organisés très souvent en réseaux. Pour le directeur de l'ONLCDT, la prévention est également essentielle dans le combat contre la drogue, notamment auprès des jeunes. Sur ce plan, l'ONLCDT rendra publique, en juin prochain, une enquête sur la consommation de la drogue en Algérie.