L'équipe du professeur Si Ahmed El Mehdi, chef de service de chirurgie et transplantation rénale au CHU Frantz Fanon de Blida a réalisé, le 31 mars dernier, deux greffes rénales, à l'aide d'organes prélevés sur une personne décédée, des suites d'un accident de la circulation. La transplantation a eu lieu après l'accord des parents qui ont donné le feu vert pour le prélèvement des deux reins du mort. Les deux organes ainsi prélevés ont pu bénéficier à deux patients, l'un d'Alger et le second de Tizi-Ouzou. Signalons qu'à ce jour, l'évolution clinique de ces deux malades, après une intervention assez lourde, est jugée très satisfaisante. Il convient aussi de signaler que plusieurs équipes chirurgicales et médicales telles que celles de neurochirurgie, neurologie et chirurgie, de même que les services du laboratoire et de la radiologie du CHU de Blida ont été mobilisés pour mener à bien cette intervention qui intervient après celle menée à Constantine en 2002. Il est plus qu'important de mettre le point sur la famille du donneur qui, dans sa plus grande douleur, lors du décès de leur enfant, a pu surpasser ce cap et penser à autrui en faisant le geste d'une grandeur digne de ce nom. Un geste qui a permis à deux personnes de survivre. Cette attitude prouve encore la confiance qui règne entre le personnel soignant et la population locale. Par ailleurs, comme l'a souligné le Dr Kamel Bouzidi, «le don d'organes, pour sauver une vie est conçu comme une charité permanente et le donneur sera récompensé par Dieu.» De son côté, le professeur Arezki Mohamed, président du conseil scientifique du CHU de Blida, tient à rassurer les citoyens, affirmant que les spécialistes prennent toutes les précautions d'usage pour s'assurer et déclarer la mort encéphalique. Puis d'ajouter que «l'Algérie a été le premier pays musulman à décréter une fatwa dans ce domaine», et ce, malgré les dispositions législatives très favorables concernant le prélèvement des organes sur les cadavres, notamment la loi n°85-05 du 16 février 1985 et la loi n°90-17 du 13 juillet 1990. Cette pratique reste limitée et dépend beaucoup plus d'une mauvaise organisation que de problèmes éthiques et religieux, liés au don d'organes. Le professeur Si Ahmed du CHU de Blida dira à ce propos: «Les greffes ne représentent que 10% de la demande réelle et sont toutes pratiquées, à partir de donneurs vivants, à l'exception de six patients qui ont bénéficié d'organes prélevés sur deux morts à Constantine en 2002 et ceux de Blida, il y a une semaine.» Et c'est pour cette raison que les praticiens souhaitent la vulgarisation du prélèvement d'organes sur les cadavres, sachant que 6.000 Algériens sont en attente d une greffe rénale. Rappelons que 13.000 Algériens sont touchés par une insuffisance rénale chronique, IRC, une maladie qui demeure insidieuse et méconnue du grand public et sachant aussi qu'une seule séance d'hémodialyse coûte entre 7.000 et 10.000 DA et que le malade a besoin d'une séance tous les deux jours.