Après un bras de fer qui a duré plusieurs semaines, voire des mois, avec leurs ministères de tutelle pour faire aboutir leurs revendications, notamment sur le statut particulier et le régime indemnitaire, les syndicats autonomes de la Fonction publique reviennent à la charge et préparent, cette fois-ci, une action de protestation commune. Ils comptent constituer un front de résistance, à la suite des intimidations au libre exercice du droit syndical et de grève et la batterie de sanctions prises à leur encontre. Pour le moment, deux secteurs sont concernés: la Santé et l'Education. Il s'agit des SNPSP et SNPSSP, pour la Santé et des CNAPEST et UNPEF, pour l'Education. Animées par un sentiment de colère, les quatre formations syndicales veulent accorder leurs violons dans le cadre d'une initiative concertée pour peser dans la balance. Pour le moment, rien n'a filtré des réunions marathon entre les représentants syndicaux, et encore moins concernant la future appellation de la nouvelle structure syndicale commune. Joint, hier, par téléphone, le Dr Lyès Merabet, président du SNPSP, a affirmé que «les contacts sont en cours pour la tenue d'une réunion qui regroupera l'Intersyndicale de la Santé et celle de l'Education». Prévue pour la semaine en cours, cette réunion a été reportée pour la semaine prochaine. La densité des activités menées par les syndicats concernés, notamment ceux de l'Education, explique ce report. «Nous avons tenu 11 conseils de wilaya», a signalé Messaoud Boudiba, chargé de communication au sein du CNAPEST. Réunir 500.000 signatures pour les œuvres sociales Ces conseils ont convergé vers la tenue d'une journée de grève par semaine dans toutes les régions du pays. Au fur et à mesure, cet arrêt de travail prendra une dimension nationale. Et ce sont les examens de fin d'année qui risquent d'être remis en cause, à commencer par le bac. L'inquiétude est réelle, d'autant plus que l'UNPEF ouvre un autre front de contestation. «Nous sommes en train de réunir 500.000 signatures pour l'application de la décision ministérielle portant annulation de l'arrêté ministériel 94/158 relatif aux oeuvres sociales qui donne l'exclusivité de leur gestion à l'Ugta», a révélé Sadek Dziri, président de l'UNPEF. Au même titre que le CNAPEST, l'UNPEF tiendra un conseil national avant la fin du mois en cours. Ces deux syndicats se sont distingués par des actions communes. Les dernières en date sont les rassemblements tenus à Constantine et Bejaia. A ce titre, les intersyndicales de la Santé et de l'Education comptent faire cause commune suite à l'exacerbation de leurs bases respectives qui déplorent encore une fois l'insatisfaction de leurs revendications socioprofessionnelles. Leur dénominateur commun est ce sentiment de déception et de colère. A cela s'ajoute l'absence d'une sortie réelle de crise. Contrebalancer l'influence de l'UGTA Devant l'ambivalence des pouvoirs publics, 500.000 travailleurs de l'Education et 30.000 médecins ont décidé de faire front commun. Cela a de fortes chances de donner naissance à une initiative d'envergure nationale. Le principe est acquis. Reste à définir la nature de l'action et les modalités de son déroulement. «Ces questions seront abordées lors de la réunion que nous tiendrons ensemble», a confirmé le Dr Merabet. Ainsi, la voie répressive choisie par les autorités, en recourant à la justice pour mettre fin aux mouvements de grève des enseignants et des médecins, n'a pas donné ses fruits, mais a fortement attisé ce sentiment de mépris que les deux principaux syndicats de la Fonction publique comptent saisir pour remobiliser leurs troupes. La nouvelle coordination en gestation va-t-elle résister à l'action des pouvoirs publics qui, de tout temps, usaient de subterfuges pour déstabiliser les syndicats? Certes, les syndicats ont acquis leur autonomie mais n'ont pas encore atteint leur maturité syndicale, en recourant parfois à des formes d'action radicale en l'absence d'une véritable élite. S'ajoutent les multiples essoufflements dans les rangs des syndicats gagnés par des pratiques très néfastes, comme la tentation de la promotion sociale, l'intérêt personnel et l'absence de culture démocratique. En attendant, la fédération des syndicats autonomes tarde à se constituer en un groupe soudé qui pourrait même contrebalancer sa sœur ennemie, l'UGTA.