Les récentes assurances de Naguib Sawiris, jurant la main sur le cœur qu'il ne vendrait jamais Djezzy, s'avèrent être un coup de bluff machiavélique qui a pris de court les autorités algériennes. En effet, le groupe international égyptien Orascom Telecom Holding (OTH), propriétaire de OTA qui commercialise le label Djezzy, vient de conclure, sous le nez et à la barbe des autorités algériennes, une opération avec la société sud-africaine qui a mis sur la table 5 milliards de dollars pour l'achat des actions du groupe Orascom Telecom Algérie. L'information a été rendue publique, vendredi, par les agences internationales Bloomberger et Reuters qui ont fait état de négociations secrètes qui ont abouti à la vente de 51% des actions de Djezzy à la société sud-africaine MTN qui devient du coup majoritaire. «Naguib Sawiris et le groupe OTA, qui sont entourés d'éminents conseillers juridiques, ont trouvé cette fois-ci la faille en cédant non pas la totalité mais une partie des actions de Djezzy aux Sud-Africains. Cette formule empêche les autorités algériennes d'annuler l'opération, comme cela avait été le cas pour la société égyptienne qui produit le ciment et que le cimentier français Lafarge devait racheter. Les autorités algériennes ont réussi à torpiller cette vente en s'appuyant alors sur la loi sur l'investissement qui interdit aux étrangers de vendre leurs actions à d'autres groupes étrangers, sans l'accord préalable du gouvernement algérien. Selon les deux agences Reuters et Bloomberger, notamment, qui a été la première à vendre la mèche, les gouvernements américain et italien ont apporté leurs cautions financière et morale à cette opération qui se fait au détriment de l'Algérie. On se souvient que, lors de sa dernière conférence de presse, Ahmed Ouyahia n'avait pas mis de gants pour mettre en garde le patron de Djezzy contre toute opération qui se ferait à l'insu des autorités algériennes au nom du droit de préemption dans toute opération de vente.«Pareilles mesures seront considérées nulles car ce serait contraire aux lois en vigueur», avait averti Ahmed Ouyahia dont les menaces n'ont, visiblement, pas dissuadé M. Sawiris qui avait, pourtant, bénéficié –au moment de l'achat de la première licence de téléphonie mobile- de conditions très avantageuses. Avec l'officialisation de cette opération, on comprend, avec le recul, la récente décision des autorités bancaires algériennes d'interdire à Sawiris le transfert des bénéfices réalisés par ses investissements, en Algérie, en devises. C'est une preuve que les autorités politiques algériennes se doutaient de quelque chose. Question à un dinar, de quelles marges de manœuvre dispose, aujourd'hui, le gouvernement qui se retrouve devant le fait accompli?