Selon des indiscrétions, les semaines à venir augureraient d'un changement de cap dans la politique de l'entreprise égyptienne. Depuis quelques mois, rien ne va plus entre le groupe égyptien Orascom Telecom et le gouvernement algérien. Même si « rien d'officiel » n'est venu affirmer ou infirmer les spéculations auxquelles nombres « d'observateurs » s'adonnent, reste que les déclarations fracassantes, les menaces de retrait, les redressements fiscaux ou les durcissements législatifs semblent indiquer que les rapports sont plus que jamais tendus entre les deux parties. Récemment, « des sources proches du gouvernement » affirmaient que l'Algérie « souhaite le départ d'Orascom de son sol » et ce, en réponse à la sortie médiatique du tycoon Naguib Sawiris, chairman d'Orascom Telecom Holding (OTH). Ces échanges par journaux interposés ont d'ailleurs entraîné la chute de l'indice boursier d'OTH sur la place égyptienne et ont aussi intrigué plus d'un, dont un analyste très proche du dossier. « Ce n'est pas du ressort des membres du gouvernement ou d'un quelconque cadre au sein d'un ministère. Les tenants et les aboutissants de cette affaire se jouent en haut lieu. En très haut lieu même », dira énigmatiquement l'expert. « Car il faut savoir que le dossier est exclusivement entre les mains du président de la République ou du Premier ministre. Ils sont les seuls à pouvoir se prononcer quant à la situation d'OTA », a expliqué celui-ci. La « crise », faut-il le rappeler, a éclaté lorsque le groupe Orascom Construction, géré par le frère de Naguib Sawiris, a cédé ses cimenteries en Algérie au français Lafarge, en échange d'une entrée dans le capital de ce dernier. Cette cession, effectuée sans en avoir avisé le gouvernement algérien, a été vécue comme « une trahison ». Pourtant, « la faute incombe aux lois de l'époque qui n'obligeaient en rien Orascom à concerter les autorités. Le gouvernement a, depuis, durci la législation en la matière », commente le même expert, qui pense que l'Exécutif a accessoirement mené « la vie dure » à OTA. Certains affirment même que Naguib Sawiris aurait effectué plusieurs séjours en Algérie, le plus récent ayant eu lieu au lendemain des tensions « footballistiques » de novembre dernier, et ce, sans être reçu en haut lieu afin de régler le litige. Cette désaffection semble aussi entraîner une sorte de « mise en quarantaine » de l'opérateur. « L'ENTV a refusé de renouveler son contrat de parrainage par Djezzy en ce qui concerne la météo », a avancé une source proche des médias. De même, des rumeurs font état de résiliation de lignes particulières ou groupées. Ce que dément formellement un technicien expert en télécoms. « Seule la JSK a rompu son contrat de sponsoring. Pour les autres entreprises, ce ne sont que des effets d'annonce qui faisaient bon ton dans la querelle médiatique algéro-égyptienne », a affirmé celui-ci. Pour ce qui est des particuliers, « il est vrai que près de 400 000 lignes ont été interrompues et ont, pour la plupart, migré vers Mobilis. Toutefois, la quasi-totalité de ces puces ont été récupérées par leur propriétaire quelques semaines après », avance le technicien. Les responsables d'OTA, par le biais du directeur de la communication, Hamid Grine, déclarent, quant à eux, s'abstenir de tout commentaire. Car malgré toute cette agitation politico-médiatique faite de déclarations, de contre-déclarations et de rumeurs plus ou moins fondées, les activités d'Orascom Telecom Algérie se poursuivent comme si de rien n'était. « Business as usual », assure-t-on. « De toute façon, même si Sawiris venait à vendre ou à ouvrir son capital, rien ne changerait pour les employés ou pour les clients », ajoute-t-on. Et, consciente « d'avoir été en retrait » comparativement à ses concurrentes, il semblerait, selon les indiscrétions, que les semaines à venir augureraient d'un « changement de cap dans la politique » de l'entreprise égyptienne. Wait and see…