A cause du retard accusé par un groupe d'agriculteurs dans le lancement de la campagne de désherbage des céréales, les colonies d'abeilles de près de 80 ruches pleines ont été décimées par une matière extrêmement nocive contenue dans des produits herbicides.Selon un membre de l'association des apiculteurs de la wilaya de Sidi Bel-Abbès, alors qu'elle devait être réalisée au stade de tallage des céréales, c'est-à-dire au moment où la plante comporte deux ou trois feuilles, l'opération de traitement chimique a été retardée jusqu'à la phase de floraison du printemps, période propice au cours de laquelle les abeilles butineuses sortent dans les champs et les bois à la recherche du nectar qu'elles puisent dans les fleurs. Le type de produit utilisé, à savoir le Damin 600, de même que la date choisie à tort par les fellahs mis en cause ont fini donc par anéantir la population d'abeilles de toute la zone agricole dite du Rocher, au-delà de la couronne urbaine Nord de la ville de Sidi Bel-Abbès. Il y a moins de quatre ans, le même sinistre s'est produit au Sud de la wilaya, sur la zone mellifère de Benachiba-Chelia, dans la daïra de Ténira, où des colonies d'abeilles ont été détruites entièrement, suite à une erreur de cap commise par un aéronef affrété dans le cadre de la campagne antiacridienne. L'équipage de cet avion agricole avait en effet déversé des tonnes d'insecticides destinés en fait au traitement d'une zone infestée par le criquet pèlerin située beaucoup plus au Sud. Le rapport de l'inspecteur vétérinaire dépêché sur les lieux avait conclu à un taux de 70 à 90% les pertes occasionnées sur les ruches pour un nombre total de treize exploitations apicoles touchées par le sinistre. Quelques mois auparavant, une autre affaire d'intoxication chimique avait défrayé également la chronique agricole locale avec l'utilisation inconsidérée des pesticides par les exploitations agricoles situées en bordure des grandes aires boisées. Les produits chimiques mis en cause, prescrits pour la destruction de certains ravageurs des cultures, auraient été à l'origine de nombreux cas de mortalité parmi les gallinacés. Des chasseurs avaient découvert à l'époque, sur un certain nombre de sites touchés, «plusieurs cadavres de perdrix rouges, de cailles, de pigeons ramiers, de tourterelles, et même des lapins de garenne, dont la mort aurait été due à une intoxication chimique." C'est pour dire en somme que la menace que fait peser chaque année l'épandage inconsidéré de certains produits chimiques à usage agricole sur la survie même de la faune locale est bien réelle sur l'ensemble des espaces naturelles de la wilaya de Sidi-Bel-Abbès. Le problème a été abordé en son temps par des spécialistes locaux qui se sont accordés tous à souligner que le phénomène concerne en fait le volet de la biodiversité dans l'acception la plus large du terme.