"Hors la loi", le dernier film de Rachid Bouchareb, qui représente l'Algérie à la 63ème édition du Festival international du cinéma de Cannes, a été projeté hier en compétition officielle. Trente-cinq ans après "Chroniques des années de braise" de Mohamed Lakhdar Hamina, lauréat de la Palme d'or de ce même festival de Cannes, l'Algérie sera une nouvelle fois dans "la cour des grands" avec ce film objet d'attaques, juste après l'annonce de sa sélection officielle à cette édition 2010. "Hors la loi" s'inscrit dans le prolongement du film "Indigènes" qui a été consacré à la participation de soldats des anciennes colonies françaises à la Seconde Guerre mondiale. La trame du "dernier né" de Bouchareb débute avec les massacres du 8 mai 1945 pour se poursuivre en France avec la guerre de Libération nationale, vécue par trois frères qui prendront chacun un chemin différent par rapport aux événements marquant cette période. C'est cette démarche du cinéaste qui semble irriter les détracteurs du film qui ont mené une virulente campagne contre cette oeuvre de fiction, comme l'a qualifiée Rachid Bouchareb. Depuis l'annonce de la sélection de "Hors la loi", des groupes nostalgiques du passé colonial, relayés par deux élus UMP, reprochent à son auteur le contenu "anti-français", selon eux, du film, exigeant son retrait de la compétition et menaçant de perturber la projection du film. Face à cette campagne de dénigrement, des voix d'historiens, d'artistes et de nombreuses personnalités, ont dénoncé "cette guerre des mémoires" et les risques d'atteinte à la liberté d'expression et de création d'un cinéaste. Ces voix ont dénoncé des manoeuvres qui tendent à passer sous silence des faits historiques, la tentative de censure du film, les entraves à la liberté de création et les pressions exercées sur certains producteurs pour retirer leur participation au financement du film.