Stefan Füle, le commissaire à l'Elargissement et la Politique européenne de voisinage, arrive aujourd'hui à Alger. Il sera accompagné par une délégation composée de responsables de son cabinet et de la direction générale des relations extérieures, chargés des dossiers de la Méditerranée et du Maghreb. Le départ de deux ministres qui ont travaillé sur l'Accord avec l'UE n'a pas laissé indifférent. Cette visite intervient en prélude au 5ème Conseil d'association qui se tiendra le 15 juin à Bruxelles. Un conseil où l'Algérie entend remettre à plat cet accord. «Nous comprenons, parfaitement, la position de l'Algérie et nous allons discuter dans un climat de confiance», a déclaré un responsable européen, cité par viva-lalgérie». Ce dernier, commentant par ailleurs le dernier remaniement ministériel, ne cache pas son agacement face au départ des deux ministres qui ont été les interlocuteurs de l'UE pendant ces cinq années d'application, à savoir Chakib Khelil et Hachemi Djaâboub. «On ignore complètement quel sens donner à leur limogeage», a-t-il dit. Ce dirigeant envisage deux lectures possibles. Une première plutôt positive: les deux ministres ont quitté le gouvernement au moment où l'Algérie insiste pour la révision de l'accord d'association. S'ils sont à l'origine de cette volonté de révision, leur départ serait alors un bon signal et les négociations vont reprendre sous de bons auspices. Si, au contraire, leur départ est une sanction liée en partie à un manque de résultat dans la gestion de l'accord d'association, ce serait un mauvais signal. Et c'est précisément le cas, car l'Algérie aura été le dindon de la farce dans cet accord avec l'UE. En effet, les choses ne peuvent plus demeurer en l'état, estime-t-on côté algérien. Il est vrai qu'en septembre 2005, l'Algérie, alors en quête de respectabilité internationale, et surtout européenne, signa avec l'UE l'Accord d'association. A l'époque de la signature, le gain attendu était strictement d'ordre politique. Car sur la plan économique et commercial et cinq ans après sa signature, cet accord s'avère être des plus calamiteux pour l'Algérie. La partie algérienne a perdu au change dans ses rapports économiques et commerciaux avec la zone Euro. Sur le plan politique, cependant, l'un des piliers sur lesquels a été fondée, en 2002, l'alliance algéro-européenne, experts et économistes estiment que la partie algérienne avait négocié en position de faiblesse. C'est-à-dire que les tractations engagées en vue de parvenir à un accord d'association «n'étaient nullement exploitées pour obtenir des concessions économiques, mais bel et bien pour arracher un soutien politique à un régime en quête de légitimité», explique l'universitaire Mourad Ouchichi. Le démantèlement tarifaire, une des clauses majeures de cet accord, s'est traduit par une mise à mal des entreprises algériennes, tant publiques que privées, dont les produits sont soumis à une rude concurrence qui les empêche de se placer sur le marché local. Il suffit d'être à l'écoute des complaintes des chefs d'entreprises pour mesurer l'impact négatif de cet accord sur l'économie algérienne. Une prise de conscience politique, quant à la nécessité de rediscuter des clauses, est palpable dans les milieux politiques et financiers. La question est de savoir jusqu'où les Européens accepteront d'aller pour que cet accord, qui a tout l'air d'un corset pour l'Algérie, soit maintenu.