Dans un placard publicitaire diffusé jeudi passé dans la presse nationale, les opérateurs économiques qui exercent dans le secteur des déchets ferreux, et qui en font un créneau d'exportation juteux, ont dénoncé la mesure prochaine d'interdiction d'exportation de ces produits. En effet, se basant sur la volonté du gouvernement de vouloir passer à l'action après avoir annoncé, à plusieurs reprises, son désir d'interdire l'exportation des déchets ferreux, le ministère du Commerce a saisi les opérateurs concernés par une note d'information, selon le quotidien électronique TSA. Selon la même source, cette mesure serait en réalité introduite dans la très attendue loi de finances complémentaire 2010 (LFC 2010). Ainsi, après avoir introduit un article de loi dans la précédente LFC 2009 qui interdit l'exportation des déchets non ferreux, le gouvernement passe à la vitesse supérieure et va donc aller encore plus loin. Dans un «appel de détresse» adressé au chef de l'Etat, répercuté par la presse nationale, les travailleurs des entreprises publiques économiques (EPE) de récupération Est, Centre et Ouest, qualifient l'interdiction de l'exportation des déchets ferreux de «menace dramatique qui pèse sur leur avenir professionnel». Selon TSA, les EPE qui exercent dans le domaine de la récupération disent avoir appris cette information par le biais du ministère du Commerce. «Si cette décision venait à voir le jour, en l'absence actuelle de tout débouché local pour les ferrailles récupérées, elle entraînerait la liquidation pure et simple de ces trois entreprises avec les conséquences dramatiques que cela induirait: arrêt d'unités économiques viables, grossissements des rangs des chômeurs, précarité économique pour les travailleurs et leurs familles, situations sociales dramatiques», mentionnent les exportateurs dans la même lettre. Si les opérateurs ont, volontairement, recours à de tels arguments à caractère social ou économique, allant jusqu'à justifier la baisse des exportations hors hydrocarbures par l'interdiction d'exportation des déchets ferreux et non ferreux, il reste beaucoup de ces entreprises s'approvisionnent localement en usant de procédés immoraux. Le ministre du Commerce précédent, El Hachemi Djaaboub n'est-il pas allé jusqu'à accuser les opérateurs du secteur de recourir aux vols et autres sabotages pour se renflouer? Nombre de citoyens avaient, en effet, subi des vols de matériaux de ce type et des dizaines d'infrastructures publiques et privées ont subies des attaques en règle, parfois avec la complicité d'agents de sécurité, pour s'approvisionner en produits de ce genre, à telle enseigne que le spectacle de camions bringuebalant, chargés d'objets hétéroclites, ont fini par faire partie du paysage sans être inquiétés par les agents chargés du contrôle, pas plus d'ailleurs que les fonderies et autres entreprises de «transformations» qui ne se posent pas la question de savoir d'où proviennent les rails et autres produits qui n'ont rien à voir avec le qualificatif de déchets. Si le gouvernement venait à concrétiser la mesure et interdire l'exportation de ces déchets, ferreux ou non, les vols et autres dégradations pourraient sérieusement baisser. A condition bien sûr que les mêmes décideurs ne cèdent pas à la pression des barons de ce trafic, ce qui ferait le bonheur des Algériens.