Les exportateurs des matériaux ferreux et non ferreux demandent aux pouvoirs publics de leur fournir des explications sur le devenir réservé à leur activité. Ils ne comprennent pas les nombreuses contradictions contenues dans l'application des décisions prises depuis plusieurs mois à leur encontre. Cette situation a fait que les exportateurs se trouvent actuellement en cessation d'activité depuis plusieurs mois. «Nous vivons une situation de contradiction depuis plusieurs mois. Ça a commencé par une décision portant sur le gel de l'exportation des matériaux ferreux et non ferreux sur laquelle nous avons demandé des explications au ministère de tutelle sans qu'on puisse avoir de réponse. Cela a été suivi d'une autre décision concernant l'interdiction de l'exportation de ces matières. Encore une fois, aucune réponse ne nous a été fournie concernant les motivations d'une telle décision importante. La loi de finances complémentaire 2009 a été plus claire en ce sens puisqu'elle a évoqué, dans la page 13, la suspension de l'interdiction de l'exportation des métaux non ferreux, ce qui a redonné espoir à plusieurs acteurs dans ce secteur. Nous avons saisi les autorités concernés pour avoir de plus amples détails sur la durée de cette suspension, mais le ministère du Commerce nous a ressorti cette décision d'interdiction d'exportation alors que le président de la République a ordonné juste la suspension momentanée de cette activité», a expliqué Noureddine Sergoua, président du Comité national des exportateurs des métaux ferreux et non ferreux lors d'une conférence de presse tenue hier à Alger. Des pertes en millions de dollars Le conférencier a précisé que le ministère du Commerce a, pourtant, renouvelé sa confiance en ces exportateurs en donnant deux fois le cahier des charges régissant cette activité. «Une confiance qui nous a motivée à élargir notre investissement en acquérant un matériel neuf et de nouveaux parcs pour stocker. Ça nous a également encouragé à signer des contrats avec des entreprises étrangères et d'avoir des engagements que nous ne pouvons pas respecter en raison du changement opéré», a précisé M. Sergoua. Il dénonce l'attitude des responsables de ce département qui campent sur leur position d'interdiction d'exportation et également sur la distinction faite entre les deux types de matériaux. L'arrêt de cette activité a occasionné des pertes énormes à ces exportateurs et à l'économie nationale de façon générale. Ces pertes sont estimées, selon M. Sergoua, à des dizaines de millions d'euros et de dollars. «Je pèse mes mots. Des bateaux chargés de matériaux sont actuellement en attente de décision pour traverser la mer, ce blocage cause des pertes estimées à des centaines de milliers d'euros par jour. Ceci sans compter les quantités de matériaux qui se trouvent dans nos différents lieux de stockage», a-t-il ajouté. Par ailleurs, le conférencier a dénoncé les nombreuses tentatives ayant servi à ternir l'image des opérateurs de ce créneau. «Nous sommes traités de tous les noms et notre présence fait l'objet de beaucoup d'incompréhension de la part des différents partenaires. Tous les vols de câbles électriques, de rails de chemin de fer et autres matériaux ont été assimilés à notre profession. «Nous ne sommes pas des voleurs» «Nous avons été accusés de vol alors que nous n'avons aucune responsabilité dans ces opérations qui n'ont rien à voir avec notre métier. Pour cesser cette arnaque, les services concernés n'ont qu'à opérer le contrôle, durcir le dispositif de sécurité sur ces endroits au lieu de nous attaquer sur des choses graves sans fondement. Nous sommes prêts à coopérer avec les services de sécurité et à dénoncer toute tentative», a-t-il ajouté en soulignant que les exportateurs de matériaux ferreux et non ferreux sont des gens qui s'occupent de la collecte des déchets de matériaux métalliques, font une première transformation visant à nettoyer le matériel et à le rendre plus noble avant de l'exporter. «Ce sont des opérations que nous effectuons à nos propres frais et avec notre propre matériel. Nous sommes des opérateurs domiciliés auprès de la Banque extérieure d'Algérie, nous payons les impôts. 10% de nos revenus en devises sont transférés vers le Trésor public pour le payement des différents frais. Nous sommes payés en dinars», dira M. Sergoua en soulignant que les opérateurs de ce secteur ont leurs propres outils, moyens et parcs où ils exercent de façon noble et correcte. Evoquant les risques encourus de leur activité, le conférencier affirme que les exportateurs ne disposent d'aucun moyen de recours pour faire face au problème du non-payement de la part des étrangers. M. Sergoua s'interroge sur l'origine des blocages que ces exportateurs subissent depuis 1995, date de l'ouverture du marché de l'exportation où ils ont enregistré 7 blocages. Il se dit ignorer complètement les raisons de cette situation, sachant que les exportateurs ont procédé, à chaque problème, aux correctifs nécessaires. Le président du Comité national des exportations dira que notre pays ne peut pas s'aventurer dans l'installation d'une industrie de transformation et de traitement de déchets ferreux et non ferreux qui sont des industries lourdes nécessitant des moyens colossaux. Le raffinage de l'aluminium est pratiqué en Algérie Le représentant d'Algal+, une unité spécialisée dans la transformation de l'aluminium, est intervenu lors de cette rencontre. Cette entreprise privée fait dans «le raffinage de cette matière à partir des déchets collectés localement», a expliqué M. Dekkar. Il a évoqué les difficultés rencontrées par son unité, qui emploie 300 travailleurs, notamment celles relatives au refus exprimé par les exportateurs de vendre leurs déchets. «Je ne comprends pas les raisons qui poussent les exportateurs à refuser de nous vendre les déchets qu'ils exportent alors que nous avons proposé de payer aux prix pratiqués par ces mêmes exportateurs, qui ne sont pas déclarés aux services des douanes ?», s'est-il interrogé. Le responsable affirme que son usine est opérationnelle depuis un demi-siècle et fait dans la raffinerie professionnelle. «Nous revendons le produit en billet et non en déchets comme cela se fait par les exportateurs», a-t-il souligné. Il a affirmé que son unité basée à M'sila a une capacité de production de 15 000 tonnes par an. Il existe, selon M. Dekkar, deux autres unités à Eulma avec 5000 tonnes et Belabbès avec 7000 tonnes par an. «La production d'aluminium est d'une très bonne qualité, elle se fait selon des normes professionnelles et dépasse les déchets générés», a-t-il ajouté. Le président du Comité national des exportateurs a évoqué, dans ce contexte, le problème de manque de coordination entre les différents opérateurs de ce secteur. Il a relevé l'existence de trois entreprises publiques spécialisées dans le ramassage des déchets ferreux et non ferreux qui «ne sont pas liés directement aux unités de transformation existant sur le territoire national». Il dira également que la transformation d'une partie de l'aluminium est possible en Algérie grâce à l'existence de matériaux, mais elle n'est toujours pas encore développée. Il existe, selon Ahmed Chenine, vice-président du comité chargé de la région de l'Ouest, quelque 80 exportateurs qui activent dans ce créneau. La quantité annuelle exportée, tous matériaux confondus, ne dépasse pas les 500 000 tonnes par an.