Selon le quotidien électronique VVL, qui rapporte l'information, un récent rapport de la commission de régulation du gaz et de l'électricité (CREG) sur les besoins en gaz met à mal toutes les déclarations officielles enthousiastes. Selon ce rapport “l'Algérie cessera d'exporter du gaz à partir de 2017-2018. Les principaux gisements de gaz, Hassi R'mel, Alrar, Stah, ont été malmenés». Les auteurs du rapport expliquent que cette surexploitation n'a pas été accompagnée, ou si peu, d'investissements pour la découverte de nouveaux gisements. Ils imputent cette défaillance à l'ancienne équipe de Sonatrach, et à l'ex-ministre de l'Energie Chakib Khelil. Réalité ou intox pour surcharger un ministre «proche du cercle, hier, et hors jeu aujourd'hui?» commentera un observateur de la scène politique nationale. Si les prévisions du rapport s'avèrent justes, les faits sont alarmants non seulement par l'échéance, à peine quelques années, mais aussi par l'impact sur l'économie nationale qui vit de la rente des hydrocarbures. En 2009, l'Algérie disposait de 4.500 milliards de mètres cubes (Mm3) de réserves pour une production de 81,4 Mm3. Les nouvelles découvertes de gaz ne pourront faire face à l'essoufflement des principaux gisements de gaz algérien et le niveau d'exportation de gaz devra donc être revu à la baisse pour 60 Mm3 d'exportation et une consommation locale de 28 Mm3, à peine de quoi honorer les contrats existants. Jeudi dernier, Youcef Yousfi, le ministre de l'Energie affirmait pourtant à Alger «qu'en parallèle au renforcement du contrôle interne de sa gestion, le groupe Sonatrach maintiendra sa stratégie énergétique qui est, d'ailleurs, celle de l'Algérie. La stratégie du secteur de l'énergie est axée autour du renforcement du potentiel énergétique du pays, de l'association de toutes les sources de l'énergie pour approvisionner le pays et la gestion des ressources avec rationalité", ajoutant que le renforcement du secteur nucléaire, notamment, en matière d'électricité font partie aussi des axes prioritaires de la politique énergétique. Si les propos du ministre traduisent réellement sa volonté de maintenir la même stratégie, il est à craindre que l'Algérie connaisse une crise de gaz. Outre sa dépendance économique, le gaz représente 40% de ses recettes en devises et l'Algérie enregistre une augmentation continue de ses besoins domestiques en matière de gaz. Ces besoins vont passer, selon une estimation de la CREG, de 28 Mm3 en 2009 à 62 Mm3 en 2018 dans un scénario fort (61 milliards de mètres cubes en 2017), soit une croissance de plus de 200%. Selon VVL, si la politique énergétique n'est pas revue et Sonatrach soumise à une rigueur managériale plus sérieuse, l'Algérie pourrait bien sortir du club des exportateurs de gaz avec toutes les conséquences sociales et politiques que l'on peut imaginer.