Ils sont nombreux les postulants à l'octroi de visa, ayant déposé leurs dossiers de demande au niveau du consulat général de France à Oran, à dénoncer les conditions de délivrance imposées et, surtout, les inégalités de traitement des demandes.Selon eux, le volume des refus de visa est extrêmement élevé. Pis encore, ces refus seraient souvent non justifiés en dépits de l'éligibilité réglementaire. Le hic dans cette question, ajoutent nos interlocuteurs, ce sont les grands frais qu'imposent les démarches procédurières de demandes de visa, puisqu'en cas de refus ils ne sont pas remboursés. Conséquence, c'est un sentiment de grande frustration et parfois même d'humiliation qui est relevé chez les postulants au visa. Parmi ces derniers, Ismaïl, médecin de profession, dira : «Bien que je sois installé en tant que médecin dans une clinique privée, le visa m'a été refusé à deux reprises. La première demande, je l'ai introduite en avril et elle m'a coûté 5.700 dinars, quant à la deuxième, je l'ai déposée en juin dernier et elle m'a, aussi, été rejetée. Franchement, j'ai du mal à trouver une seule raison à ce refus, car je suis un cadre avec un statut social qui veut passer quelques jours de vacances chez un parent en France et non un chômeur qui cherche un moyen pour fuir la misère. Pour sa part, Mme Radia, originaire de Tlemcen, confie : «Je me suis mariée, il y a une année, avec un Algérien établi en France, et je dois l'y rejoindre. J'ai déposé deux dossiers d'octroi de visa qui ont été rejetés et j'en suis à mon troisième. Franchement, je n'en peux plus, j'espère que cette fois-ci ce sera la bonne. A chaque nouveau dossier, nous dépensons des sommes faramineuses, sans compter les frais de communications téléphoniques imposées par la procédure qui nous coûtent 1.000 dinars pour une conversation qui ne dépasse pas les 3 minutes. Malheureusement, dans la plupart des cas, nos dossiers finissent dans la poubelle et notre argent dans leur caisse». En effet, les lignes téléphoniques, à valeur ajoutée, consacrées par le Consulat général de France en Algérie pour la communication avec ses clients de visa ne sont pas, loin s'en faut, une référence dans la fiabilité, la célérité et surtout la crédibilité. De nombreux demandeurs déplorent, ainsi, le fait qu'au bout de la ligne, «des répondeurs automatiques futés vous envoient balader et vous bouffent beaucoup d'agent». La majorité des postulants au visa que nous avons approchés partagent le même sentiment de frustration et d'incompréhension. «On ne nous donne aucune information lors du dépôt. S'il manque des informations pourquoi ne pas le dire tout de suite ? On nous laisse déposer le dossier pour ensuite refuser le visa parce qu'il manque telle ou telle pièce et, en fin de parcours, ils prennent notre argent et nous demandent de restez chez-nous » disent-ils Il faut savoir que les formalités pour l'obtention d'un visa pour la France ou l'un des pays de la zone Schenguen se compliquent de plus en plus. Les Algériens désireux de se rendre en France, pour un séjour d'une durée inférieure à 3 mois «sans intention de s'y installer», dans le cadre d'une visite familiale, privée ou touristique, doivent se rendre aux locaux du Consulat général pour déposer leur dossier, et ce, uniquement sur rendez-vous. En plus du dossier administratif, le demandeur doit présenter un chèque de banque de 5.550 dinars libellé à l'ordre de la Trésorerie de France. Ces frais sont exigés pour chaque demandeur de plus de 6 ans. Il y a lieu de souligner qu'un rapport accablant a été publié, récemment, par une ONG établie en France sur les conditions de délivrance de visa aux Algériens. Ce rapport ressort que le taux de refus en Algérie est très nettement supérieur à la moyenne, environ 35% des visas demandés sont refusés alors que le taux de refus moyen était de 9,6% pour l'ensemble des consulats de France à l'étranger. Selon les explications qu'ont fournies le Consulat et l'Ambassade de France à Alger, ces refus s'expliquent par «le risque médical», c'est-à-dire la crainte que des personnes âgées ne «veuillent venir en France que pour se faire soigner et qu'elles grèvent ainsi sur le budget de la sécurité sociale française» et également «le risque migratoire», à savoir la possibilité que le demandeur du visa ne retourne pas en Algérie. Cette organisation non gouvernementale critique surtout le fait que le refus de visa ne soit jamais motivé. «La non motivation de ces refus de visas provoque l'incompréhension des intéressés et, par voie de conséquence, du ressentiment envers la France» note cette ONG.