Après avoir été lessivé par un Ramadhan et un Aïd qui a permis à des requins de s'enrichir, une fois de plus, alors que le nouveau ministre du Commerce avait promis un mois clément, les pères de familles devront faire un effort supplémentaire pour assurer une rentrée scolaire décente à leurs enfants. Il ne s'agit pas, uniquement des traditionnels achats d'habits neufs, mais des fournitures scolaires et des autres dépenses collatérales. En effet, si une majorité d'élèves revêtiront les habits neufs qu'ils se sont empressés de remettre dans l'armoire, après les avoir exhibés le jour de l'Aïd, la mesure ne suffit pas pour alléger le fardeau supporté par les pères de famille aux revenus modestes. L'érosion du pouvoir d'achat n'est pas une nouveauté, en dépit des efforts consentis par les pouvoirs publics pour venir en aide aux couches défavorisées, force est cependant de reconnaître que la situation est préoccupante. Pour n'avoir pas pu faire face à des situations intenables, et pouvoir trouver des astuces pour joindre les deux (plus ?) bouts, nombre de pères de familles ont choisi le suicide. Si la vie a été difficile, ces dernières semaines, elle risque de l'être encore plus pour les mêmes catégories de population: achats de fournitures scolaires, manuels scolaires –en dépit des assurances du ministre- transport, nourriture et cours de soutien pour réussir en fin d'année, et avoir la satisfaction que les sacrifices n'ont pas été vains. A l'instar du poulet, des navets, de la zlabia et des autres produits alimentaires, les prix des fournitures scolaires ont flambé. Tout est bon pour écorcher le citoyen, au nez et à la barbe des contrôleurs dépassés. Cette hausse inquiète les chefs de famille car, comparativement à l'année dernière, les prix des fournitures scolaires ont connu une majoration de 100%. L'angoisse des parents, devant les papeteries et autres magasins de vente des fournitures, n'a d'égale que l'insouciance des enfants qui veulent toujours plus et ce qu'il y a de meilleur. Habitués au diktat en tout genre des commerçants et des barons des circuits de distributions, les pères de famille se résignent et acceptent de nouveaux sacrifices pour ne pas sacrifier la scolarité de leurs enfants. Abdallah, qui a deux fillettes scolarisées, ne comprend pas «donnez-moi la recette, je perçois moins de 20.000 Da, et je dois franchir u 3ème test après ramadhan et l'Aïd». Un vendeur explique les raisons de cette flambée «l'augmentation des prix des fournitures scolaires dépend de plusieurs facteurs». En premier lieu, il a estimé que «la hausse du papier sur les cours mondiaux s'est répercutée sur l'ensemble des marchés, y compris l'Algérie. Les cahiers sont à 95% importés de l'étranger, de ce fait, un cahier de 96 pages coûtant 20 centimes d'euros reviendrait à 28 DA sur le marché national. Au marché de l'informel, ce même cahier est cédé à 35 DA. Autre indice, les marchandises importées de Chine sont bloquées au niveau du port, ce qui a entraîné un manque de cahiers sur le marché. Un autre nous explique que la fermeture des entreprises étatiques est le principal facteur de la montée en flèche des fournitures scolaires en Algérie, notamment les cahiers. «Comment voulez-vous que les prix soient stables quand on dépend seulement des arrivées de l'extérieur, et que les entreprises privées, une dizaine, ne répondent pas totalement aux besoins du marché local?». Le trousseau d'un élève du primaire coûterait la bagatelle de 2.400 DA environ, sans compter les stylos, la trousse et le cartable. Les cahiers de 120 pages sont monnayés entre 38 à 45 DA. Ceux de 200 pages sont cédés entre 47 et 50 DA. Ce sont là les articles principaux. En passant au palier supérieur, le trousseau scolaire d'un collégien coûterait 5.000 DA en moyenne, cartable inclus. S'agissant du lycéen, la somme atteindrait les 6.000 DA. S'agissant des livres, l'Etat algérien les subventionne les livres, toujours est-il que les commerçants de l'informel ont le bras bien long pour s'approvisionner en manuels scolaires au prix coûtant pour les revendre avec une marge bénéficiaire consistante. A quand une rentrée scolaire dans la joie, des Ramadhan dans ferveur et des Aïds dans la gaieté, pour le plus grand plaisir des enfants et des parents ?