Trois amis de confessions différentes, Mohamed, musulman, Jésus, chrétien et David, juif, se proposent d'entreprendre un périple à travers les terres millénaires d'Al Andalus en Espagne. Un voyage dans la mémoire qui leur permettra de connaître (de se re-connaître) par le biais d'itinéraires, les lieux symboliques de l'Espagne musulmane. Un hymne à la tolérance, au respect d'autrui et au métissage des cultures. Juan, l'informaticien qui écoute, intéressé, interpelle Mohamed: - Et comment tu expliques ces attentats, ces bombes entre chiites et sunnites en Irak, par exemple ? - C'est évidemment bien déplorable. C'est vrai que les musulmans sont souvent responsables de leur propre sort. Ils sont souvent manipulés et font le jeu de certaines puissances occidentales. Je m'explique. En Irak, par exemple, on a exacerbé les différences entre chiites et sunnites parce que cela intéressait certains pays comme par exemple les Etats-Unis. Quand on lit les textes attentivement, il n'y a aucune profonde différence dans la pratique religieuse. Le chiisme est la deuxième branche de l'islam orthodoxe et représente environ dix pour cent des musulmans dans le monde. Il s'oppose au sunnisme sur certains points de doctrine assez secondaires, sans toutefois remettre en question le credo tripartite initial : Unicité divine, authenticité du Livre Sacré et Prophétie de Mohamed. Le chiisme, du terme chiâa, parti de Ali est le nom de ceux qui suivirent Ali, cousin et gendre du Prophète, dans sa lutte pour l'accession au Califat. Ils vénèrent donc Ali car ils pensent qu'il a été lésé dans la succession et qu'il aurait dû être désigné le premier comme calife, bien avant Abu Bakr. David revient sur l'interdiction du porc : - Avec tout ça, Mohamed, tu ne nous as rien dit sur le porc. J'ai lu il y a longtemps un texte que tu connais sûrement de Marvin Harris sur le sujet… - Oui, c'est un texte qui s'intitule « Porcophilie et porcophobie » publié dans un ouvrage dont le titre original en anglais est, si je me souviens bien,Cows, pigs, wars and witches : The riddles of culture, ce qui pourrait être traduit comme Vaches, porcs, guerres et sorcières : Les énigmes de la culture. Mais c'est plus une explication anthropologique que religieuse du sujet. Je préfère d'autres approches. - Et bien vas-y ! Qu'est-ce que tu attends, relance David : - En fait, le porc, khenzir ou hallouf en arabe a toujours été un symbole d'impureté et de souillure. L'interdiction rédhibitoire de la viande de porc, qu'elle soit immolée selon le rituel ou non, tient à son impureté. Le Coran l'interdit sans aucune ambiguïté dans plusieurs sourates.