Implanté en Algérie depuis fin 2007 après le rachat d'Orascom Cement, le français Lafarge n'a toujours pas été autorisé à transférer ses dividendes. Selon notre confrère en ligne TSA qui se réfère à des sources, le gouvernement algérien a bloqué le transfert en France d'un total de près de 300 millions d'euros, représentant les dividendes issus de la filiale algérienne depuis 2007. «La filiale algérienne est extrêmement rentable. Mais Lafarge ne peut pas rapatrier ses dividendes à cause d'un différend avec le gouvernement algérien», toujours selon TSA. Interrogé par notre confrère, une porte-parole de Lafarge confirme: «à ce jour, nous n'avons pas transféré nos dividendes d'Algérie. Mais nous n'excluons pas de le faire en accord avec le gouvernement algérien. Nous sommes également à jour avec nos obligations fiscales». L'opérateur qui avait racheté au groupe OTA, les cimenteries, Lafarge, n'a pas souhaité commenter le montant de 300 millions d'euros de dividendes ni fournir des données financières détaillées sur sa filiale algérienne. TSA croit savoir que les déboires de Lafarge en Algérie ont la même origine que ceux de Djezzy, filiale mobile d'Orascom Télécom: la vente, en décembre 2007, des cimenteries algériennes Orascom au groupe français sans l'aval du gouvernement algérien. Ce qui aurait déplu aux autorités et l'opération a eu pour effet de déclencher une série de mesures de représailles: contrôles fiscaux, interdiction de transferts des dividendes, etc. Comme Djezzy, Lafarge Algérie a subi un important redressement fiscal. En fait, il ne s'agit pas de représailles mais d'exercice d'opérations de contrôle car plusieurs partenaires étrangers installés en Algérie se sont livrés à des opérations illégales d'évasion fiscales ou de non déclarations en écriture. A l'inverse de son homologue égyptien de la téléphonie mobile, OTA, Lafarge a choisi le dialogue et la souplesse pour surmonter ces épreuves. Selon notre source, le groupe français va utiliser les 300 millions d'euros de dividendes pour accélérer son développement en Algérie. En plus de l'augmentation des capacités de production de ses cimenteries, L'opérateur envisage de réaliser deux terminaux portuaires à ciment. Dans ses négociations avec le gouvernement algérien, Lafarge bénéficie, évidemment, de l'appui de Paris. Le dossier a été évoqué lors de la visite la semaine dernière d'Anne-Marie Idrac à Alger, selon nos sources.