Après le trafic d'organe, c'est au tour des nouveau-nés de faire les frais d'un vaste réseau de trafiquants sans foi ni loi, dont le but est le gain facile et rapide. Ces prédateurs d'un nouveau genre ciblent les bébés mis au monde par des mères célibataires et les revendent en France, un pays vieillissant. C'est l'affaire qu'examine actuellement le tribunal d'Alger. Le rapport de l'enquête préliminaire a démontré qu'un médecin est impliqué dans le déplacement de 25 enfants vers la France, et ce à partir de 1998. Ce sont, en tout, 36 personnes qui y sont impliqués, dont les mères célibataires, des Français d'origine algérienne, et une faune de trafiquants de tous bords, rapportait hier notre confrère arabophone Ech Chorouk qui cite des sources dignes de foi. Le dossier du médecin impliqué dans le réseau de trafic d'enfants illégitimes en direction de la France est ficelé et le mis en cause sera jugé cette semaine par le tribunal correctionnel de Sidi M'hamed, à Alger-centre. Les investigations de la police ont duré près d'une année. L'examen de cette affaire permettra, à coup sûr, de divulguer la face cachée d'un réseau dont on sait presque tout et presque rien. Il est clair que l'étendue et la gravité de l'affaire ne sont plus à démonter mais il reste que le peu de chose qu'on connaît des coupables et des personnes impliquées en aval comme en amont promis des révélations fracassantes. D'abord celle des femmes célibataires, qui se sont rendues coupables de vente d'enfants puis de vendeurs et leurs receleurs. Des faits d'une extrême gravité. Le «rachat» d'un réseau de trafiquants d'enfants chez des mères célibataires en difficulté pour des sommes modiques, avant de les revendre en France via un réseau spécialisé est un trafic grave. Le médecin arrêté est accusé d'usurpation de fonction et d'intelligence avec des femmes auxquelles il rachetait leurs bébés en devise. Ce médecin est irrémédiablement impliqué, tout comme l'huissier de justice, mort récemment en prison. Ces deux principaux personnages de cet horrible trafic ont délivré au moins 12 certificats d'adoption concernant 15 enfants en bas âge. Neuf de ces enfants ont été déplacés à Saint-Etienne, en France, en utilisant certaines voies légales. Pour l'heure, ce sont le médecin, ainsi que le fils de l'huissier de justice, qui occupait le poste de secrétaire dans le cabinet de son père, qui sont en détention. La Brigade Recherches et Intervention a entamé les investigations sur cette grave et grosse affaire à la suite d'indications fournis par A. Boualem, un binational, marié à une Française et auteurs de transfert deux enfants en France, avec la complicité du médecin. Ce dernier avait entre temps, ouvert une clinique à Ain Taya pour faire avorter les femmes et les jeunes filles, dont il prenait les enfants sans grande difficulté. 21 filles et femmes, appâtées, sont devenues alors les mères «vendeuses» de bébés. L'ex-huissier de justice impliqué délivrait se charger de la délivrance des certificats d'adoption moyennant 30.000 dinars. Le médecin a avoué devant la police qu'il délivrait aussi des certificats de virginité, après avoir «recousu» l'hymen des filles. Certaines étaient mineures au moment des faits, d'autres étudiantes, fonctionnaires ou femmes au foyer.