Trois amis de confessions différentes, Mohamed, musulman, Jésus, chrétien et David, juif, se proposent d'entreprendre un périple à travers les terres millénaires d'Al Andalus en Espagne. Un voyage dans la mémoire qui leur permettra de connaître (de se re-connaître) par le biais d'itinéraires, les lieux symboliques de l'Espagne musulmane. Un hymne à la tolérance, au respect d'autrui et au métissage des cultures. - Je me souviens avoir lu, continue David, que c'était un excellent poète, très versé dans plusieurs disciplines : astronomie, géographie, physique, politique, météorologie. Ses pratiques étaient acceptées comme règles de comportement social et urbain et il devint l'arbitre de la mode (coiffure, vêtements, parfums, nourriture, vaisselle, etc.) - Oui, ce fut vraiment un véritable esthète et arbitre des élégances de la société omeyyade. Il enseigna aux cordouans les recettes les plus élaborées de la cuisine de Baghdad, l'art de distribuer une table pour un repas raffiné. Il leur fit substituer les grossières nappes de lin par d'autres de cuir fin et les pesantes coupes d'or et d'argent par des verres de cristal taillés bien plus raffinés. D'ailleurs cette richesse culinaire a profondément marqué la cuisine espagnole. Andujar est maintenant toute proche. Cette ville très animée, située près du Guadalquivir, constitue la première halte sur ces terres qui virent naître la dynastie des nasrides. Les arabes l'appelèrent alturja et Ferdinand III la conquit en 1224. Andujar est située sur la rive nord du Guadalquivir, à l'endroit où la rivière, se rétrécissant forme un gué naturel, qui a été historiquement utilisé, jusqu'à y installer l'un des ponts les plus importants du Haut Guadalquivir. Il existait apparemment dans la région un petit noyau urbain à l'époque romaine, probablement en rapport avec l'existence du pont, et qui surveillait le fleuve. Le développement de la ville commence réellement avec la conquête musulmane. Elle constitue alors un hisn, un château qui sera nommé Anduyar. La ville participa à la lutte qui marqua la fin de l'émirat. A cette époque l'émir Abdallah (888-912) ordonne au général Ubayd Allah Ibn Mohamed de renforcer les murailles, sans doute élevées à l'époque romaine. Nous ne savons rien de la période almoravide, sauf pendant l'époque de crise où Almoravides, Almohades et Castillans se disputèrent la ville. C'est à Andujar que se réfugia, en 1146, Ibn Hamdin, un haut fonctionnaire qui fomenta un soulèvement à Cordoue, d'où il fut expulsé par les Almoravides. Attaqué une nouvelle fois à Andujar, il demanda l'aide d'Alphonse VII, qui eut, de cette façon, une raison pour intervenir sur le territoire de Jaén, s'emparant de Ubeda et de Baeza en 1147, et d'Andujar elle-même en 1148.