Après les affrontements entre opposants sahraouis et forces de sécurité marocaines qui ont fait plusieurs morts dans les deux camps, ce lundi à El Aïoun, capitale de l'ex-Sahara espagnol annexé par le Maroc en 1975, les titres de la presse espagnole sont unanimes pour condamner le pouvoir marocainEn effet, ce matin toutes les unes des quotidiens espagnols se sont fait écho des exactions et des dépassements de la police marocaine au Sahara occidental. Voici quelques titres à la Une des principaux journaux parus ce mardi : El País: Le Maroc écrase par la force la plus grande révolte sahraouie ABC: Le Sahara brûlé El Mundo : Intifadha à El Aioun La Razon: Le Maroc réprime les Sahraouis et rase un campement de protestation La Vanguardia: Tension maximale pour des manifestations au Sahara Publico: Le Maroc incendie le Sahara El Periódico : le Sahara explose La Gaceta: Mohamed VI attaque des civils à El Aioun Les journaux espagnols rappellent, selon les autorités marocaines, cinq membres des forces de sécurité marocaines -quatre policiers et un pompier- ont été tués à l'arme blanche à l'occasion du démantèlement d'un campement provisoire qui servait depuis un mois de haut lieu de la contestation sahraouie à proximité de la ville. Le Front Polisario, qui revendique l'indépendance du Sahara occidental, a fait état, pour sa part, de la mort d'un militant de 26 ans, Babi Mahmoud el Guerguar, lors de l'irruption des forces marocaines dans le camp, et de onze autres civils. Le Maroc a démenti toute mort de civils. Un activiste indépendantiste sur place n'a pu confirmer qu'un militant avait été tué, mais il a fait état de nombreux blessés parmi les manifestants. Ces troubles, les plus sérieux dans le territoire litigieux depuis 1975, interviennent alors que le Polisario et le Maroc ont repris lundi, près de New York, leurs pourparlers sous l'égide des Nations unies. Le Polisario, qui a résisté par les armes au Maroc jusqu'à un cessez-le-feu conclu sous l'égide de l'Onu en 1991, réclame avec insistance le référendum d'autodétermination que cette trêve était censée permettre, tandis que le Maroc s'en tient à une simple offre d'autonomie. Trinidad Jimenez, ministre des Affaires étrangères de l'Espagne, l'ex-puissance coloniale, a lancé aux protagonistes un appel à la retenue. « Le plus important c'est que les pourparlers reprennent dès que possible pour introduire un élément essentiel de calme afin de prévenir un conflit plus large », a-t-il estimé. Par ailleurs, un député européen du Parti Izquierda Unida espagnol qui voulait s'y rendre afin de témoigner sur les conditions de vie atroces qui régnaient dans ce campement s'est vu interdire l'entrée à El Aioun. LE POLISARIO DEMANDE À L'ONU DE REAGIR Des violences de rue, incendies de véhicules, pneus enflammés et jets de pierres ont éclaté dans la ville même de El Aioun après le démantèlement du campement de 8.000 tentes, aux premières heures de la matinée. "Un gendarme et un pompier ont été tués au moment où les forces de sécurité entraient dans le camp. Ils ont été poignardés à mort à l'intérieur du camp", a dit un responsable marocain à Reuters. " Un autre policier a été poignardé à mort, ultérieurement sur la route de Smara, une des principales artères de El Aioun, lorsque les manifestations se sont étendues à la ville, toujours selon un responsable marocain. En outre, au moins quatre autres membres des forces de sécurité ont été grièvement blessés, déclare Rabat. Pendant un mois, 20.000 personnes, environ, ont fréquenté le campement démantelé de Gdim Izik pour exiger des emplois et de meilleures conditions de vie. Mais un protestataire a confié que la violence de lundi était dirigée plus généralement contre la présence marocaine. Dans un communiqué, le ministère marocain de l'Intérieur assure que des négociations avaient été engagées avec des représentants du camp au sujet de leurs revendications mais que ces efforts avaient été sabotés par des fauteurs de trouble. La justice marocaine a ordonné le démantèlement du camp car certaines personnes y étaient retenues contre leur gré, a expliqué un responsable des services de sécurité marocains à Reuters. Les forces de l'ordre disent avoir agir pour "libérer les personnes âgées, les femmes et les enfants se trouvant sous l'emprise d'un groupe d'individus aux antécédents judiciaires et recherchés dans des affaires de droit commun (...) après avoir épuisé toutes les voies de dialogue sérieux pour trouver une issue à une situation inacceptable au regard de la loi", écrit l'agence officielle Map. Dans un communiqué, l'ambassade du Polisario à Alger a révélé la cruelle répression et les exactions contre des civils et a réclamé une intervention immédiate de la communauté internationale et une réaction de l'Onu. Le porte-parole de l'Onu, Martin Nesirky, a qualifié de "hautement fâcheux" les événements d'El Aioun et leurs conséquences sur le climat de la reprise des pourparlers entre le Polisario et le Maroc. "Nous invitons toutes les parties impliquées à faire preuve de la plus grande retenue dans les heures et les jours qui viennent", a ajouté le porte-parole.