Trois amis de confessions différentes, Mohamed, musulman, Jésus, chrétien et David, juif, se proposent d'entreprendre un périple à travers les terres millénaires d'Al Andalus en Espagne. Un voyage dans la mémoire qui leur permettra de connaître (de se re-connaître) par le biais d'itinéraires, les lieux symboliques de l'Espagne musulmane. Un hymne à la tolérance, au respect d'autrui et au métissage des cultures. Il est presque dix heures et nos amis viennent de terminer un frugal dîner au petit restaurant de leur pension. Ils se rendent au salon-bar pour y consommer quelque chose. Jesús prend un White Label, David, grand amateur de café, commande son énième de la journée, alors que Mohamed savoure une infusion aux plantes. C'est samedi et le bar accueille quelques noctambules solitaires ainsi que des couples qui regardent la télévision. La première chaîne espagnole programme un reportage sur Ghaza et les exactions israéliennes en territoire palestinien. Cela fait déjà plusieurs jours que les bombardements n'ont pas cessé et les images des dégâts faits par l'armée juive sont vraiment intolérables. Le spectacle d'hôpitaux débordés par l'afflux d'enfants, de vieillards et de femmes blessés et mutilés est réellement insupportable. Les réactions dans la salle ne se font pas attendre. Certains spectateurs se mettent à commenter à haute voix les images et à huer les juifs: les juifs n'ont pas honte d'attaquer des femmes et des enfants sans défense… C'est vraiment David contre Goliath…Une armée de professionnels qui détruit des maisons de civils sans armes…On dirait qu'ils ont oublié ce qu'ils ont eux aussi subi durant la Deuxième Guerre mondiale…Jesús n'ose pas intervenir et observe discrètement son ami David qui regarde attentivement les images sur le petit écran et ne laisse pas transparaître ses sentiments. Mohamed, qui connaît très bien son ami, préfère l'interpeller : - Je suppose que ces scènes monstrueuses doivent être très douloureuses pour toi, non ? David paraît sortir de sa léthargie, hoche la tête, sirote une gorgée de son café, regarde son ami Mohamed qui voit dans ses yeux comme une immense peine et finit par lancer : - Tu sais bien que je n'ai même pas besoin de le dire. Ces images sont pour moi l'expression même de la barbarie et plus je réfléchis, plus je me rends compte qu'il est beaucoup facile de détruire que de construire. Dans ce conflit, à chaque fois qu'un pas est fait dans le sens de la paix, de la construction de ponts, dans le chemin des hommes de bonne volonté, il y a les forces du mal qui reprennent le dessus, ceux qui croient plus en la violence qu'au dialogue et c'est encore une fois la faucheuse qui triomphe…